Lettre à Gloria Steinem

Gloria Steinem au Sundance Festival en janvier 2021 à Park City dans l'Utah aux Etats-Unis
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Gloria Steinem au Sundance Festival en janvier 2021 à Park City dans l'Utah aux Etats-Unis ©Getty - George Pimentel
Gloria Steinem au Sundance Festival en janvier 2021 à Park City dans l'Utah aux Etats-Unis ©Getty - George Pimentel
Gloria Steinem au Sundance Festival en janvier 2021 à Park City dans l'Utah aux Etats-Unis ©Getty - George Pimentel
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Ce matin, lettre à une légende américaine du féminisme, l'autrice d'"Après le black power, la libération des femmes" et créatrice en 1971 de Mrs Magazine. Un parcours mis en lumière récemment dans la série "Mrs America".

"Chère Gloria Steinem,

Aujourd’hui vous fêtez vos 88 ans. Et presque autant de combat pour les droits des femmes de l’autre côté de l’océan. Après une vie entière à se battre, qu’est ce qu’on ressent ? Qu’est ce que ça fait de regarder derrière soi, et de se dire que devant, à faire, il reste tant. comment faire pour garder, l’envie, le courage, et l’élan ?

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Est-ce votre talent qui vous électrise ?

Pour vous, les mots, lorsqu'ils sont justes, participent à changer le monde. Vous dites « La vérité vous libérera, mais d’abord elle vous mettra en rage ». En 1963, vous devenez journaliste. Inflitrée à New York dans un club Playboy, vous y dénoncez le harcèlement sexuel et l’objectification des femmes déguisées en Bunny. Votre vie durant vous restez fermement critique de la prostitution et de la pornographie.

Est-ce votre manière de bien choisir vos alliés qui vous permet de sans cesse vous renouveler ?

En 1969, vous écrivez un texte devenu culte : « Après le black power, la libération des femmes», traduit et publié depuis quelques jours en français aux éditions du portrait. Pour vous, le sexisme est un racisme. Les luttes des noir.e.s et des droits des femmes doivent créer des alliances pour monter en puissance.

Est-ce que ce sont vos succès qui vous galvanisent ?

Vous créez en 1971 Ms Magazine avec Dorothy Pitman Hugues. Ouvertement féministe, le premier numéro se vend à 300 000 exemplaires. Convaincue que "Si les hommes pouvaient tomber enceintes, l'avortement serait un sacrement", vous y signez une tribune avec 50 autres femmes et célébrités, qui déclarent avoir avorté, et vous contribuez à arracher cette liberté.

Mais vous nous prévenez : “le moment le plus dangereux, c’est une fois qu’on a gagné”.

Après chaque avancée vous avez vu les conservateurs reprendre de la vigueur.

Ce ne seraient pas ces adversaires qui parfois vous ragaillardissent ? Une des grandes batailles de votre vie c'est un texte de loi qui n’a cessé d’être empêché et que vous n’avez jamais lâché : l’Equal Rights Amendment. Pour introduire l’égalité des sexe dans la constitution américaine, il fallait que 38 des 50 Etats l’aient décidé.

Face à vous un groupe de femmes revendique le droit de rester soumise au foyer, et donne à partir de 1972, un brutal coup de frein à ce projet.

Au-delà du talent que déploient ces femmes à jouer contre leur propre camp, cette lutte signera surtout le renouveau du conservatisme, qui, pour s'attaquer au féminisme, trouvera en Phyllis Schlafly une excellente égérie. De cet épisode devenu aujourd’hui la série Ms America, vous rappelez que si entre femmes, on peut-être en conflit, ce ne sont jamais elles nos vraies ennemies.

Chère Gloria, vous dîtes « Le rôle des personnes âgées comme moi est d'avoir de l'espoir, parce que nous nous souvenons de périodes où c'était bien plus noir". Peut-être que ce qui vous tient, c’est simplement ca, l’espoir, cette conviction qu’on a jamais perdu, qu’il y a juste des victoires qu’on remportera plus tard."

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Une heure en séries
55 min