C’est le retour d’Arman Méliès, visiblement sous le signe du chiffre 4. En effet, après quatre ans d’absence l’auteur-compositeur publie un quatrième album, qu’il a justement intitulé « quatre ».
En numérologie, le chiffre 4 symbolise, paraît-il, la réalisation. Et c’est donc un Arman Méliès accompli, ayant brulé ses vaisseaux, mais en gardant sa guitare pour composer, qui entame ainsi avec ce disque une traversée dans la création avec ses synthétiseurs analogiques. Comme si l’on pouvait imaginer que Jean-Michel Jarre et Alain Bashung puissent se comprendre, Arman Méliès en docteur Faust de la new wave fait sourire et pleurer les machines. Et on aime ça.
Extrait de « Dans la cendrée »
C’est donc un possible recommencement, comme si Arman Méliès s’autorisait à redébuter grâce aux infinies potentialités que lui offre tout à coup la musique expérimentale et synthétique. Avec ce désir qui s’entend de confronter technologie froide et romantisme ombrageux ?
Extrait de « Mon plus bel incendie »
La voix réglisse du chanteur vient poser ses mots choisis, comme de petits souffles chauds sur des murs froids. Un conditionnement esthétique plutôt radical. Comme si Arman Méliès s’était imaginé et imposé une parenthèse dans une clinique de sons, parlant de la raison close, dans laquelle il se devait de trouver le secret de la déraison.
Extrait de « Pompéi »
Alors, on peut le dire, le danger du synthétiseur c’est qu’il peut parfois contraindre son musicien à courir après les sons en cascades qu’il peut avoir du mal à rattraper. Arman Méliès, lui, a réussi à dompter ses claviers, parvenant à éteindre le feu de la grandiloquence qui menace toujours l’électronique appliqué à la chanson. Il imagine des paysages et ses scènes de vie. Le voilà ainsi inspiré par une petite station de cure thermale suisse dans laquelle Nietzsche aimait aller se reposer. Un jour en se promenant le long des berges du lac, le poète philosophe est secoué par une révélation mystique qui a influencé toute la seconde partie de son œuvre. Arman Méliès est parti de cette révélation pour écrire une sorte de poème en triptyque, ode à la nature à la chair et à la spiritualité.
Extrait de « Silvaplana »
Avec ce disque Arman Méliès s’est improvisé comme un plasticien de la musique, travaillant en saine autarcie pour réussir son voyage d’exploration au centre du son et de ses mystères. C’est une belle échappée dans le ventre de la machine.
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