C'est le retour après six ans de silence de Beth Orton, l’une des pionnières de l’électro folk, qui publie son nouvel album enregistré à Portland et intitulé "Sugaring Season" que l’on pourrait traduire par la saison des sucres.
Que l’on connaisse ou non cette figure de la musique anglaise, on peut plonger les yeux fermés dans ce disque précieux, sixième album d’une carrière qui prouve que l’exigence de l’épure peut autoriser la reconnaissance après 40 ans.
Extrait de « Mystery »
Elizabeth Caroline Orton, alias Beth Orton revient après une longue période d’introspection et une forme de retour aux sources. C’est parce qu’elle a depuis longtemps tourné le dos à sa vie londonienne, à son image branchée d’égérie d’un courant folktronica que Beth Orton a pu faire de vrais choix radicaux. La maternité, la vie à la campagne, le besoin de faire tomber les masques traverse son disque. Nous sommes loin, très loin des archanges de la techno comme William Orbit ou les Chemicals brothers qui l’ont fait connaitre. Ce disque parle d’elle : « Je n’étais plus qu’avec moi-même, comme je ne l’avais jamais fait auparavant, avec peu de moyens et mes seules ressources ».
Extrait de « Last Leaves of Autumn »
La vie de Beth Orton ressemble à une course permanente, une suite de repli sur soi dès lors que la vie l’a mise en danger. Retraite dans un temple bouddhiste en Thaïlande après la mort de sa mère. Serveuse puis patronne d’une entreprise de restauration de retour à Londres, puis comédienne avant de commencer la musique avec William Orbit rencontré par hasard dans un club. La voix était alors son unique instrument. Pendant sa grossesse, Beth Orton se met à la guitare, suivant les conseils éclairés de Bert Jansch, légende folk qui lui inspire la complexité et le foisonnement harmonique d’un Bobbie Gentry.
Extrait de « Candles »
Le dépouillement artistique du disque prend au cœur, mais c’est la voix de Beth Orton qui bouleverse. Cette maturité sans posture qui lui fait dire : « J'aime l’idée de vieillir car je n’ai plus l’obligation d’avoir à contenir mon travail ». C’est une femme libérée qui parle et une artiste plus que jamais libre.
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