Un album posthume de Césaria Evora

France Inter
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Aujourd’hui sort un album posthume de Césaria Evora composé de chansons totalement inédites. Il est issu des sessions inédites de quelques albums de la diva aux pieds nus qui vont de « Cabo Verde » en 1997 jusqu’à celles de « Rogamar » en 2005. Le disque s’intitule « Mae carinhosa », ce qui signifie « Mère tendresse »

Extrait de « Mae Carinhosa »

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À la mort de Césaria, on se dispute évidemment l’idée du meilleur tribute, du plus beau disque de reprises alors qu’il reste un trésor de chansons inédites en jachère. Parce qu’avec Césaria, c’était comme ça. Lorsqu’elle enregistrait, elle chantait sans compter, comme un voyage improvisé vers une destination invisible. Il en restait des joyaux purs, de mornas, le blues cap verdien, de boléros, de coladeras qui permettaient à Césaria d’exprimer son caractère trempé et rebelle. Comme dans cette chanson où elle excelle d’insolence matinée d’indolence pour exprimer la cruauté banale du statut d’exilé lorsqu’on est né les pieds dans l’eau d’un mer azur

Extrait de « Tchon de França »

Cesaria Evora, déesse de la consolation fut toute sa vie déterminée à rester libre. C’est par la musique qu’elle trouve son émancipation, donnant à son peuple les raisons d’y croire. Ce peuple de Mindelo n’a pas oublié qu’elle jouait le plus souvent gratuitement, parfois pour un seul pauvre billet froissé. Ces chansons sont aussi là pour lui, et pour nous rappeler l’intensité d’un répertoire où la mélancolie est toujours l’art de l’élégance et l’humour vache, la politesse du désespoir comme en témoigne cette chanson où la différence d’âge en amour est harponné d’un trait saillant : « Junhi était jeune et fraiche et toi c’est l’andropause »

Extrait de « Emigue ingrote »

On pouvait légitimement craindre ce qui pouvait ressembler à une pas très jolie entreprise de marketing pour exploiter un filon jusqu’à plus soif. C’est bien mal connaître les ayant droits de Césaria Evora tendres gardiens du temple sourcilleux et intransigeants artistiquement. Avec ce très beau disque, ils enchantent encore la voix d’un peuple qui ne se résigne porté par la voix de leur mère tendresse.

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