André Manoukian nous parle de romantisme allemand, Brahms joué par sa pianiste classique préférée, Hélène Grimaud…
Extrait de « Maestoso »
La musique est un fleuve qui attrape les compositeurs sur son passage.Quand c’est le tour de Brahms, il se trouve qu’il arrive juste derrière Beethoven, alors il reprend le courant là où Ludwig Van l’a laissé. Mais dans un mouvement contraire, Brahms retourne en arrière et va vers l’avant : de Bach, il reprend la technique architecturale du contrepoint qui était tombée en désuétude, et du futur, il incorpore les inflexions terriblement sensuelles de la musique tzigane. Ce mélange va faire de lui le saint patron du romantisme allemand.
Extrait (2) de « Maestoso »
Brahms enfant est un virtuose du piano. A 13 ans, sa vie est réglée : Il compose le matin, écrit des orchestrations de cuivres l’après midi et le soir son père l’accompagne dans les Bordels d’Hambourg où il joue toute la nuit. Quand il se lance dans son concerto pour piano n°1, il a 20 ans. Hélas il se fait siffler copieusement. Ce qui fait qu’il ne composera son concerto n°2 que 22 ans plus tard. Il se venge, il se déchaine, il fait péter les enfers. Traumatisé par l’exécution catastrophique d’une jeune pianiste, il décide d’écrire une œuvre injouable pour une femme. Ça tombe bien, Hélène Grimaud n’est pas une femme, c’est une louve, tout le monde le sait bien…
Extrait de « Allegro appassionato »
La force qu’il faut à Hélène Grimaud pour s’attaquer à ces déluges de notes, à ces explosions d’accords, elle la trouve dans la nature. Dans son livre admirable, Retour à Salem, qu’il faut absolument lire en l’écoutant jouer ces concertos, elle nous raconte sa découverte d’un manuscrit de Brahms à propos d’un mystérieux voyage qu’il aurait effectué dans les forêts tourmentées des bords de la Baltique.Cette double rencontre, à travers sa musique et ses écrits, nous montrent combien Hélène et Brahms sont habités par le même esprit, le grand esprit de la nature.
Extrait de « Rondo »
« Brahms, dit-elle, est ce génie des nuages noirs, des ciels bas et des buissons mouillés de brume. Il m’est plus intime que n’importe quel autre compositeur et il est celui sans qui je ne pourrais vivre.Jouer sa musique c’est comme marcher entre deux abîmes et flirter avec le vertige ».A la question de Françoise Sagan, aimez-vous Brahms ? Je réponds, oui, mais plus encore quand Hélène Grimaud le joue…
Extrait de « Rondo »
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