Who are you - Des Québécois qui chantent Breizh

France Inter
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André Manoukian présente le groupe québécois Who are you qui va puiser dans les riches heures de la pop seventies pour proposer son premier album Breizh . Le piano ostinato , insistant, aux accents de Supertramp, le riff de guitare funky et raide comme une marche militaire à moitié Talking Head, à moitié Inxs, un soupçon de Phil Collins dans la voix, supportable en dose homéopathique, le groupe Who are you, décidément, va puiser dans les sons de son enfance tout comme les Daft Punk sont allés puiser dans les musiques des jeux électroniques de leur jeunesse. C’est un véritable hommage à cette pop mélodique et orchestrale des 70's, où les musiciens de studio étaient tous des Premiers Prix de Conservatoire et enchaînaient les séances conduites par des arrangeurs, qui en France s’appelaient Jean Claude Vannier, Michel Colombier et qui redevinrent tendance quand, dans les années 90, les Anglais redonnèrent ses lettres de noblesse à l’easy listening music, la musique d’ascenseur quoi, et l’on découvrit des pépites qui firent le bonheur de nos Bertrand Burgalat et autres avant gardistes arty..Le piano joue 3 mesures en cycle, sur lequel la guitare égraine un balayage régulier. Quoi de neuf dans le monde de la pop? Le fait que le riff de piano soit traité comme s’il était un sample. La technique du sampling consiste à prendre des segments de rythmique et à les coller bout à bout pour construire un nouvel instrumental sur lequel on va poser sa voix. Ces trois mesures de piano jouées en live nous montrent que le pianiste a intégré la répétition non pas comme une figure dégradante marquant son peu d’imagination mais au contraire ; comme une figure de style : L’efficacité de la ritournelle hypnotique alliée à la fraicheur du jeu avec ses micro irrégularités, cassent l’aspect machinal.Encore une fois, la leçon vient des machines mais la nouveauté est dans leur humanisation.Les chœurs qui n’avaient plus fait ‘’la la la’’ depuis les années 70 nous rappellent le lyrisme des productions de Cat Stevens ou de Simon and Garfunkel …Parmi les évocations subliminales des sons de notre jeunesse, voici maintenant Emerson Lake and Palmer, les premiers Yes, les premiers Genesis qui surgissent avec les couches de voix dans les cintres de voutes orchestrales de nefs de l’espace qui étaient dessinées avec moultes volutes art nouille.Comment aujourd’hui parmi la profusion de musiques s’inventer un style ?Il faut d’abord tomber amoureux, d’une époque, d’une émanation, puis faire ressurgir les rêves enfouis, on en a tous, puis tomber sur des partenaires qui partagent les mêmes, puis commencer par imiter. Capter l’humeur de ses héros, et acquérir suffisamment de technique pour en restituer l’esprit, à travers ses propres créations. Alors seulement, on est digne de reprendre le flambeau du passé pour éclairer le monde de demain … Ça n’est pas de la nostalgie, ça s’appelle l’éternel retour.