

Sauver des cochons de l'abattoir dans la Sarthe, le pays des rillettes, est un sacré défi ! Le Refuge GroinGroin s'y emploie et recueille avec succès des animaux d'élevage depuis près de 17 ans.
C'est sur un terrain de 12 hectares, en pleine campagne à l'ouest du Mans, que ces animaux abandonnés, ou saisis pour diverses raisons, et sauvés de l'abattoir sont hébergés par l'association et vivent une nouvelle vie, loin des impératifs de l'élevage productif. Leur nourriture, par exemple, n'est pas destinée à les engraisser le plus rapidement possible, nous explique Caroline Dubois, fondatrice de l'association.
"Pour les cochons, il y a un repas de granulés le matin et le soir. Des granulés spéciaux pour qu'ils ne grossissent pas, contrairement à l'industrie porcine, pour qu'ils restent en forme. Et puis des fruits et légumes frais le midi, tous les jours."
Caroline Dubois a abandonné une carrière d'assistante de direction en région parisienne après être tombée littéralement amoureuse des cochons vietnamiens, qui ont totalement changé son regard sur les animaux. Elle a emmagasiné un maximum de connaissances sur cet animal proche de l'homme, allant même participer à des séminaires aux Etats-Unis, avant de fonder Le refuge GroinGroin qui recueille depuis non seulement des cochons mais aussi des vaches, des chevaux, des volailles... Des animaux de ferme traités comme des animaux de compagnie.
"On soigne nos cochons, nos poules, nos dindons exactement comme les gens peuvent soigner chez eux leur chat ou leur chien. Faire deux heures de voitures pour aller à Nantes chez un spécialiste des oiseaux pour nos poules, c'est un truc qu'on fait régulièrement. S'il y a besoin d'un scanner pour une poule ou un cochon, on le fait ! On les considère tous de la même façon, quelle que soit l'espèce."
Au refuge, les animaux sont bichonnés par quatre soigneuses et des bénévoles. Ils ont tous leur petit nom et leurs histoires, parfois assez dramatiques.
Parrainer des animaux
L'équipe a par exemple récupéré 24 animaux d'un élevage familial fermé par la préfecture pour cause de maltraitance. Les animaux étaient faméliques, notamment deux truies qui vivaient dans une cage de 3 mètres carrés sur un mètre de boue et d'excréments qui leur servait de litière. Recueillies par le refuge, rebaptisées Pelotte et Bouloche, elles se portent désormais beaucoup mieux.
Elles se sont requinqué, ont maintenant une vie un peu idyllique puisqu'elles sont dans un hectare et demi avec quatre autres cochons de ferme, elles ont trois repas par jour, des fruits et des légumes. Ça, c'est des belles histoires !"
Le refuge accueille bien sûr les visiteurs et l'association mène des actions pédagogiques. Ceux qui le souhaitent peuvent même parrainer les animaux en se rendant sur le site du refuge. Mais GroinGroin ne fait pas que sauver des animaux d'élevage, l'association porte aussi un message, clairement antispéciste.
"Ce n'est pas le message premier mais ça vient en conséquence : quand on devient copain avec Pompon la truie, ben on ne veut plus la manger et, par extension, on ne veut plus manger les autres non plus. Donc, oui, c'est important pour nous que les gens fassent cette connexion, se posent des questions et arrêtent de manger de la viande ou diminuent leur consommation. Chacun à son rythme et à sa façon mais le but c'est de gratter un peu pour que les questions commencent à émerger."
Gratter le ventre des cochons, aussi. Ils adorent ça ! 3000 animaux sont passés par ce refuge depuis sa création.
L'équipe
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