Vivre avec le loup, l'affaire de tous

Éric Guttierrez, éleveur de brebis laitières et président du Civam PPML, qui propose un plan de prévention face au loup dans le massif de la Double
Éric Guttierrez, éleveur de brebis laitières et président du Civam PPML, qui propose un plan de prévention face au loup dans le massif de la Double ©Radio France - Lionel Thompson
Éric Guttierrez, éleveur de brebis laitières et président du Civam PPML, qui propose un plan de prévention face au loup dans le massif de la Double ©Radio France - Lionel Thompson
Éric Guttierrez, éleveur de brebis laitières et président du Civam PPML, qui propose un plan de prévention face au loup dans le massif de la Double ©Radio France - Lionel Thompson
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Le loup sera tôt ou tard de retour sur tout le territoire français, disent les spécialistes. Autour de la forêt de la Double, entre Dordogne et Gironde, des éleveurs essaient d'anticiper pour s'en protéger en mobilisant les autres habitants.

En fin d'après-midi, c'est l'heure du repas pour les brebis laitières d'Éric Guttierrez, installé dans la région depuis 2006.

"C'est le premier repas du soir. On distribue foin de prairie et foin de luzerne. On va les laisser manger pendant une petite demi-heure et après elles vont passer à la traite."

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Scène paisible qui sera peut-être troublée un jour. Depuis le printemps dernier, la Dordogne est classée zone d'extension possible du loup. Eric Guttierrez est convaincu que le prédateur finira par s'y installer et que le débat pour ou contre est stérile. Avec le Civam PPML, groupement d'agriculteurs locaux qu'il préside, il propose un Plan de prévention qui couvre 36 communes, plus d'une trentaine d'éleveurs, et veut associer les habitants dans un réseau Entente de vigilance.

"Ce réseau est récent. Il a démarré il y a quelques mois. Il y a une trentaine de personnes. On y trouve des retraités, des naturalistes, des chasseurs, des pêcheurs, des randonneurs, des vététistes... Toutes les personnes ou utilisateurs du territoire qui ont cet objectif commun et souhaitent participer, à leur niveau, à la mise en place de moyens de protection."

Avec l'association Houmbaba, fondée par des scientifiques spécialistes du loup, une séance de formation a même été organisée pour apprendre à repérer les éventuelles traces du canidé.

"C'est une formation qui a été dispensée par un éthologue et un écologue. Des personnes qui ont l'habitude de faire du pistage. Mais ça reste une formation d'amateurs, hein ! On ne devient pas un trappeur reconnu après avoir fait ce genre de formation mais on est capable de pouvoir retenir un certain nombre d'indices : une crotte située à un endroit bien précis, des traces, des empreintes de pas de canidés assez importantes..."

D'éventuels indices qui seront transmis à l'Office Français de la Biodiversité.

Effrayer le loup

Et si la présence du loup devenait avérée, ce réseau pourrait aider à des actions de protection dans le respect du cadre légal : des battues, des captures, des chasses sans mise à mort pour apprendre au loup à ne pas s'aventurer dans les zones d'élevage, anticiper plutôt que simplement indemniser.

"On nous propose des moyens de protection que sont le chien, les clôtures et la surveillance mais il y a des pays qui utilisent d'autres moyens. Il y a des peuples qui utilisent d'autres moyens. A nous d'être innovants, de proposer et, collectivement, de faire en sorte de trouver les meilleures solutions, les solutions les plus efficaces, pour que l'activité d'élevage en plein air soit viable économiquement et vivable socialement."

"J'ai bon espoir de continuer, de toutes façons, de vivre avec et, de toutes façons, à élever mes animaux en extérieur."

Des questions qui ne concernent pas que les éleveurs, dit Éric Guttierrez, mais le rapport de toute notre société à la nature, au vivant, et à la qualité de ce que nous voulons mettre ou pas dans nos assiettes, grâce à l'élevage extensif en plein air !