

Les lignes de covoiturage se développent en France dans les zones périurbaines mais la pratique reste encore minoritaire. Dans la région de Rouen, par exemple, deux lignes sont désormais ouvertes.
Il est 7h30 du matin, devant l'arrêt Covoit'ici du Zénith, en banlieue de Rouen, Violaine embarque Noé, alternant dans une entreprise de gestion de l'eau, qui s'est signalé sur l'application mobile et doit se rendre au travail, comme tous les jours, à Val-de-Reuil, à une trentaine de kilomètres au Sud de la ville. Pour lui qui n'a pas encore les moyens d'avoir une voiture, ce covoiturage à l'avantage d'être gratuit et plus pratique que les transports.
"Ma solution de base, en fait, était de passer via le train, puis ensuite le bus. Mais c'était assez compliqué vu que les horaires de train sont un peu aléatoires, les horaires de bus aussi. Je devais partir très tôt pour pouvoir arriver au travail aux horaires nécessaires. Alors que là, en voiture, j'ai la chance que mon travail ne soit pas loin de la borne. Donc la personne peut me déposer au maximum à 5 minutes de mon travail."
Pour Violaine, qui fait ce trajet tous les jours avec sa voiture, faire partie de la communauté des conducteurs a aussi ses avantages.
"Aller-retour, ça me fait deux euros par jour, c'est toujours ça de pris. En plus, quand on prend quelqu'un, on peut discuter, parler de choses et d'autres, de la vie, du boulot, des vacances... Donc, c'est toujours intéressant de partager."
1,3 personne par voiture en moyenne
Un euro par trajet, plus un euro par personne transportée, payés par les collectivités. Mais Violaine n'est pas prête pour autant à laisser à son tour sa voiture pour devenir passagère, sachant que se passer de son véhicule le matin à l'aller oblige aussi à s'en passer le soir au retour.
"Le soir, je ne pourrais pas être passagère parce que je vais au sport, tout ça... Ce n'est pas desservi par les arrêts Covoit'ici, donc ça ne serait pas pratique. Avoir sa voiture c'est plus pratique, on va dire, parce qu'on est plus libre des horaires, on est pas dépendant de quelqu'un, quoi. Avec la peur aussi de ne pas trouver quelqu'un ou d'attendre longtemps dans le froid le matin..."
Noé, qui utilise Covoit'ici en alternance avec d'autres services de covoiturage, acquiesce. Il lui est arrivé de devoir attendre pendant un bon moment sans trouver de chauffeur. Dans ce cas, une garantie taxi entre en œuvre et envoie un professionnel. Ce n'est évidemment pas le but recherché mais malgré l'application qui met en relation conducteurs et passagers, ces lignes de covoiturage avec des arrêts, comme une ligne de bus, ne sont pas encore totalement entrés dans les habitudes.
Les possibilités sont pourtant immenses, explique Thomas Matagne, président de l'entreprise Ecov' qui développe ces lignes avec les collectivités à travers la France.
"En France, 80% des kilomètres parcourus par les français le sont en voiture. Et les voitures ont un taux d'occupation moyen, pour les trajets du quotidien de 1,3. C'est à dire que pour 10 voitures il n'y a que 13 personnes à bord, alors qu'il y a globalement 50 places. Donc on est sur un potentiel qui est considérable d'amélioration de la mobilité par le fait qu'on mutualise mais pour ça il faut que ce soit extrêmement simple."
Simple pour amener surtout les conducteurs, et pas seulement les usagers des transports, à lâcher aussi leur voiture et devenir passagers. La deuxième ligne de Covoit'ici en région rouennaise vient tout juste d'ouvrir, il faut donc que la pratique se développe encore pour partager les voitures, pour moins de pollution et pour moins de bouchons.
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