

L'Homme Tranquille, c'est un restaurant pas comme les autres au Mans, où ceux qui ont les moyens paient normalement leur repas tandis que des personnes en difficulté peuvent bénéficier d'un tarif solidaire.
Les manceaux connaissent bien ce restaurant à l'enseigne bleue et rouge, face à la gare, qui portait le même nom avant que l'association l'Esprit de Barbara ne le reprenne pour le transformer. L'idée est d'offrir à des personnes en difficulté un moment auquel elles n'auraient sinon pas accès, explique Samir Tine, travailleur social devenu gérant des lieux.
"La gastronomie, c'est carrément notre patrimoine, en France. Il faudrait que la restauration soit aussi accessible à tous, comme les musées. Donc, on s'est dit qu'il fallait qu'on trouve un restaurant, avec un vrai chef, avec une vraie équipe du métier de l'hôtellerie pour qu'on puisse proposer des repas pas chers à ceux qui ont peu de moyens et mixer avec des populations qui, elles, ont les moyens. Ne plus avoir les invisibles d'un côté, qui vont au cul du camion, comme on dit, recevoir un repas, et de l'autre côté une catégorie au-dessus qui peut, elle, aller au restaurant."
Pour les bénéficiaires, le repas ne coûte que 1 à 3 euros, suivant la formule. Il faut pour cela qu'ils passent d'abord dans un café solidaire, également tenu par l'association, où ils bénéficient d'un suivi social. Les autres clients, eux, paient au tarif normal, de 13 à 20 euros, pour des repas préparés avec des produits frais et si possible locaux.
"Ce soir on a de l'échine de porc à la créole avec un riz trois couleurs et de l'ananas, du poulet rôti, un haut de cuisse de Loué, toujours dans l'idée d'être local, et des filets de tacot avec un crémeux de petits pois, du chou rouge et un trio de quinoa."
Depuis que l'association a repris ce restaurant, à l'automne, il a conservé une clientèle qui mêle gens de passage et habitués, qui travaillent dans le quartier.
Voir les bénéficiaire revenir et payer plein tarif
Certains n'ont toutefois pas aimé ce changement et l'ont fait savoir brutalement.
"Certains nous ont dit clairement : "je ne veux pas manger avec des pauvres" et ils ont décommandé toutes leurs réservations, sur plusieurs jours. Je leur ai répondu : "ça tombe très bien, je n'ai pas envie de vous servir !"
Heureusement, la majorité des clients ne réagissent pas de façon aussi stupide, à l'image de trois hommes de passage ce soir-là qui découvrent le concept après s'être attablés.
"C'est intéressant. Si ça fonctionne, tant mieux. Si on peut aider par voie directe."
"Moi, je trouve aussi cette vision du partage plutôt innovante."
Samir Tine : "Ce que j'espère, c'est que le client bénéficiaire du tarif social qui a payé 1, 2, ou 3 euros le 17 octobre dernier, jour de l'ouverture, reviendra en 2023 et pourra payer 20 euros, parce que sa situation se sera améliorée. Et ça commence déjà : cet après-midi, j'ai reçu un coup de fil d'un bénéficiaire qui m'a dit qu'il avait retrouvé du boulot, qu'il voulait inviter sa petite amie et payer le prix fort pour elle et pour lui parce que, ça y est, ça va mieux. Et ça, c'est une victoire !"
Il faut que L'Homme Tranquille fasse une cinquantaine de couverts par jour au tarif normal pour arriver à un équilibre avec cette formule solidaire.
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