

Respecter la nature jusque dans la mort. C'est désormais possible dans quelques cimetières en France qui proposent des espaces naturels où on peut se faire inhumer de façon écologique. Exemple à Périgueux.
C'est Madame la maire de Périgueux, Delphine Labails, qui nous accueille au cimetière de Saint-Augûtre, en lisière de la ville. On traverse la partie traditionnelle, avec ses habituelles pierres tombales et ses allées, puis on arrive devant un grand espace d'un hectare, simplement couvert d'herbe, et marqué par une pierre où est inscrit "Cimetière naturel".
"Cette parcelle est vraiment pensée comme un parc public. On a cinq concessions qui ont été vendues et il me semblait qu'on avait trois tombes mais je n'en vois qu'une, non deux... Il y en a peut-être une autre, par là, mais c'est tellement naturel qu'on ne retrouve pas les tombes !"
Un peu involontairement, Madame la maire vient de nous donner une parfaite définition de ce cimetière naturel : un cimetière où les tombes se font discrètes au point de se fondre dans la nature. Sur la sépulture qu'on aperçoit, pas de pierre tombale, juste un carré de terre dénudée.
"Sur celle-là, il n'y a pas de pierre tombale mais il y a la possibilité d'en avoir une, toute petite : 30 centimètres de côté sur 15 centimètres de hauteur, avec le nom du défunt. Il peut y avoir un signe religieux, si la famille le souhaite, une épitaphe, une photographie mais toujours quelque chose de très, très sobre."
Des tombes sobres et en pleine terre, sans béton, avec des concession plus courtes, à partir de 15 ans, et un mode d'inhumation le plus biodégradable possible.
"Repenser la relation au vivant et aux morts"
"Les corps ne sont pas embaumés, sauf s'il y a une absolue nécessité. Nous recommandons que le défunt soit vêtu de la manière la plus naturelle possible, avec des fibres de coton, ou de chanvre, ou toute autre matière biodégradable. De la même manière, les bois pour le cercueil et les accessoires ne doivent pas être traités, le verni doit aussi être biodégradable. On est vraiment sur une forme la plus simple et la plus écologique possible, pour ne pas laisser d'empreinte à l'issue de la disparition naturelle du corps."
Car on y prête souvent peu attention mais les cimetières peuvent aussi être source de pollution des sols et des nappes phréatiques qui s'y trouvent. Pour le moment, ces tombes bio du cimetière de Saint-Augûtre, initiées sous la municipalité précédente il y a 4 ans, ne connaissent pas un succès foudroyant. Elles coûtent pourtant environ deux fois moins cher que les tombes classiques et Delphine Labails semble convaincue que cette proposition, qui entre aussi dans une réflexion plus globale sur les espaces naturels dans la ville, a de l'avenir.
"Ce cimetière naturel permet de repenser la relation au vivant et aux morts. De penser le devoir de mémoire de manière différente. Quelle forme de trace laisse-t-on après la vie ? Est-ce que ça passe forcément par une sépulture bétonnée, avec du marbre et son nom gravé dessus ?"
Un beau débat philosophique et de société. L'étape suivante sera, peut-être, de s'interroger sur la possibilité de faire de l'humus avec les corps, ce qui est interdit jusque-là en France mais déjà autorisé dans quelques pays, certains états des Etats Unis, par exemple.
Pour aller plus loin :
Une des rares études sur la pollution liée aux inhumations et crémations portant sur l'Ile-de-France et publiée en 2017.
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