Préserver la diversité, de la graine à l'assiette

Maxime Schmitt au milieu des oliviers, dans la commune de Ceriana (Italie)
Maxime Schmitt au milieu des oliviers, dans la commune de Ceriana (Italie) ©Radio France - Lionel Thompson
Maxime Schmitt au milieu des oliviers, dans la commune de Ceriana (Italie) ©Radio France - Lionel Thompson
Maxime Schmitt au milieu des oliviers, dans la commune de Ceriana (Italie) ©Radio France - Lionel Thompson
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La Maison des Semences Paysannes Maralpines (MSPM) est un collectif qui s'attache à préserver des fruits et légumes des Alpes Maritimes qui, sans cela, risqueraient de disparaître.

Connaissez-vous l'oignon rose de Menton ? Pour le découvrir nous avons suivi Maxime, l'un des co-présidents du collectif La Maison des Semences Paysannes Maralpines. Au milieu de ses champs d'oliviers, à une heure et demie de route de Nice côté italien, il nous a montré un petit carré d'oignons.

Là, il est à l'époque où il est déjà en train de partir en graine, cet oignon rose de Menton. Il peut devenir très gros. Il est doux. On peut le manger également cru. Il est très fondant. C'est un oignon qui est fait pour accompagner nos pans-bagnats en été, nos pissaladières... Cette variété, que l'on sait avoir une histoire dans notre territoire, nous cherchons à la récupérer, à réapprendre aux paysans à en faire la semence, à retrouver des distributeurs, des restaurateurs qui peuvent se la réaproprier.

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Pour redonner vie à cet oignon, La Maison des Semences Paysannes Maralpine compte même organiser une "Fête de l'oignon rose", à Menton l'été prochain. En trois ans d'existence, ce collectif qui compte une cinquantaine de membres, des paysans mais aussi des distributeurs, des restaurateurs ou des consommateurs, a préservé plusieurs dizaines d'autres variétés locales de plantes.

Aujourd'hui, nous avons une quarantaine de variétés qui sont récupérées, multipliées et que nous diffusons dans les Alpes Maritimes. On a choisi, pour l'instant, que chaque personne multiplie une ou deux variétés, de façon quantitative et qualitative, pour ensuite pouvoir l'échanger de façon non commerciale avec les autres paysans. On n'exclue pas que demain, pour pouvoir toucher plus de gens, nous en venions à commercialiser également ces variétés-là mais toujours dans un but non lucratif, un but politique, celui de retrouver des légumes qui ont un sens dans notre territoire.

La graine, "clé de voûte" de notre alimentation

Et pourquoi disparaissent-ils ces fruits et légumes ? A cause de l'agroindustrie, qui a permis d'augmenter les rendements mais a réduit la diversité, explique Maxime.

L'agroindustrie a choisi des variétés à haut rendement, très spécialisées, très uniformisées, qui correspondent à un mode d'agriculture, de distribution et de consommation. Et petit à petit, à force de ne plus cultiver les variétés locales, que l'on appelle parfois anciennes, ces variétés qui ont un sens dans une alimentation territoriale, elles disparaissent.

Maîtriser les cultures depuis la graine, dont les agriculteurs ont depuis longtemps abandonné la production à l'industrie semencière, jusqu'à l'assiette. Les enjeux ne sont pas folkloriques : il concernent la biodiversité mais aussi la souveraineté économique et alimentaire.

J'aimerais remettre un petit peu de conscience dans ce que l'on mange. Que, ensemble, nous puissions refaire considérer l'importance de la semence paysanne comme une clé de voûte de notre système alimentaire.

Une action qui n'est pas uniquement locale : le collectif est membre du Réseau Semences Paysannes, qui regroupe plusieurs organisations en France militant pour que les paysans retrouvent la maîtrise de la production des semences, et de l'association SOL, qui oeuvre dans le même sens au niveau international.

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