Au chevet des eaux douces

La station de surveillance des eaux de Lilaea
La station de surveillance des eaux de Lilaea ©Radio France - Lilaea
La station de surveillance des eaux de Lilaea ©Radio France - Lilaea
La station de surveillance des eaux de Lilaea ©Radio France - Lilaea
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La qualité des eaux douces va devenir un enjeu crucial avec le réchauffement climatique. Lilaea, une entreprise créée par deux jeunes chercheuses à Saint-Quentin, propose des appareils qui facilitent leur surveillance.

C'est parce qu'elle voulait joindre le concret à la recherche qu'Élodie Géba, chercheuse en Sciences de l'Environnement, a fondé Lilaea avec Anne Gaspar, diplômée en robotique. Les deux jeunes entrepreneuses ont joint leurs talents pour fabriquer des engins qui permettent de surveiller les eaux douces en continu.
Le premier est une sorte de petit drone sous-marin téléguidé, de forme cubique, baptisé le ROV (pour Remotly Operated underwater Vehicule, véhicule sous-marin télécommandé en anglais). Le deuxième est une station de surveillance, dont Élodie Géba nous montre un exemplaire installé dans les bureaux de Lilaea. C'est une station flottante, dont la structure est entièrement construite en bois non traité.

"On voulait des matériaux qui soient les plus inoffensifs possibles pour les environnements qu'on surveille. A l'intérieur, l'électronique est autonome grâce à une batterie rechargée par le panneau solaire au-dessus. Les capteurs, au centre,  sont toujours plongés dans l'eau. Avec ça on est capables d'avoir la qualité de l'eau en temps réel et même de pouvoir agir avant une pollution."

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Cette petite station flottante peut être amarrée dans les rivières ou les plan d'eau. Le petit sous-marin, lui,  peut explorer les fonds ou les grosses conduites avec ses deux caméras, l'une classique, l'autre à infra-rouge. Les deux appareils sont connectés par câble à un ordinateur et transmettent des données précieuses pour connaître les paramètres physico-chimiques du milieu : le PH (plus ou moins acide ou basique), le taux d'oxygène, la conductivité (capacité à conduire un courant électrique), la turbidité (plus ou moins trouble), la température...

"Grâce à ça, on va être capables de dire si l'eau est en bon état pour permettre la vie de toutes les espèces et les utilisations qui peuvent en être faites, par exemple si les activités touristiques pourront se faire sans porter préjudice à la santé, sans toutefois dire : attention, ici j'ai telle molécule ou telle autre. Pour ça, on est obligés de passer par une phase de prélèvement. Mais on a déjà une bonne idée de ce qui va, ou ne va pas."

Cette surveillance peut être primordiale, voire obligatoire, pour des collectivités ou des entreprises. Lilaea leur propose des solutions plus légères et moins coûteuses que les instruments qui existaient jusque-là. Surtout, elle les propose en location, avec un accompagnement qui peut être précieux pour comprendre ce qui se passe en cas de problème.

Démocratiser la surveillance

"Est-ce que c'est une pollution ? Un phénomène d'eutrophisation, c'est à dire un excès de nutriments dans le milieu et donc est-ce qu'il n'est pas en train de s'effondrer sur lui-même ? On essaie de mettre des mots sur ce qui se passe. Après, notre rôle s'arrête là puisque nous n'intervenons pas pour, si besoin, réhabiliter le milieu."

Lilaea oriente pour le suivi vers les bons interlocuteurs. Pour Élodie Géba, il s'agit de rendre cette surveillance de l'eau douce plus accessible.

"On a une démarche de démocratisation. Ça passe par le coût des machines mais aussi par l'expertise technique et scientifique qu'on va apporter. Le but n'est pas d'avoir des voyants rouge qui clignotent partout pour juste dire : attention, votre qualité de l'eau n'est pas bonne ! C'est aussi de comprendre pourquoi elle n'est pas bonne et comment agir pour avoir une gestion qui soit la plus durable possible."

Lilaea s'adresse en premier lieu aux collectivités et aux entreprises mais pourrait à l'avenir devenir aussi accessible aux particuliers qui possèdent un plan d'eau.