

L'association Espérer 95, qui accompagne les personnes en précarité dans le Val-d'Oise, a mis en place un bus qui va à leurs devants dans l'agglomération de Cergy-Pontoise, avec une particularité : ce bus est équipé d'une cuisine.
Ce jour-là, comme tous les mercredi, le bus solidaire orange d'Espérer 95 s'est posté à proximité de la gare RER de Cergy-préfecture, l'un des trois lieux de stationnement hebdomadaires. Toute la journée, des personnes en précarité y viennent pour prendre un café ou se restaurer. À l'arrière du bus, il y a le petit coin cuisine qui fait son originalité et que nous présente Nadia Cherif, coordinatrice.
"Il y a le strict minimum mais ça fait l'affaire : une plaque chauffante, un four micro-ondes, un accès à l'eau... Ça fait un peu camping, parce que tout est un peu condensé, mais ça permet quand même de pouvoir chauffer des soupes, par exemple. Aujourd'hui, c'était soupe chaude pour tout le monde !"
Cette cuisine est aussi un bon moyen de proposer des animations autour de l'alimentation, "parce qu'on sait que c'est une des choses qui crée tout de suite de la convivialité", explique Nadia. Parfois ce sont les bénévoles qui cuisinent des petits plats rapides qu'il proposent. D'autres fois, les bénéficiaires mettent eux-mêmes la main à la pâte.
Agnès, sans domicile, a pris l'habitude de venir au bus depuis environ 4 mois.
"Ça rassemble un petit peu les gens qui n'ont pas toujours l'habitude de se voir. On m'a proposé la semaine dernière de préparer un repas. Donc, j'ai pris la décision que ce serait des tomates farcies !"
Les familles aussi
Tous les mardis, le bus accueille aussi des familles hébergées en hôtel et qui n'ont pas accès à une cuisine. Elles viennent cuisiner des plats de leur choix dans le bus. Cela leur permet de pouvoir s'alimenter plus sainement, précise Nadia Cherif.
"Quand on est hébergé dans un hôtel pendant des mois, voire des années, c'est compliqué de bien s'alimenter. On a des petits Tupperwares en plastique, qui permettent aussi à ces familles de récupérer leurs denrées cuisinées dans le bus et de les emmener avec elles."
Les enfants de ces familles bénéficient eux aussi du bus : il permet de les sortir le temps d'un repas de l'espace réduit des chambres d'hôtel.
"Sur ces temps de repas, on prévoit aussi des animations pour les enfants. On fait des projections de films, ils font des dessins, de la pâte à sel..."
Bien sûr, le bus n'est pas là que pour la cuisine. C'est un accueil mobile qui permet de nouer contact avec des personnes en grande précarité, qui ne vont pas forcément dans les lieux d'accueil habituels. Au-delà du réconfort immédiat, d'une aide à l'hébergement -Espérer 95 gère par ailleurs le 115 dans le département- cela peut permettre d'amorcer un vrai accompagnement social, explique Vincent Hubert, directeur du pôle veille sociale de l'association.
"Dans un second temps, l'objectif c'est de pouvoir renouer un lien de confiance avec eux, avec des professionnels formés pour cela, et d'entamer un certain nombre de démarches leur permettant, à terme, d'accéder à d'autres formes d'hébergement, de logement, et de pouvoir avancer au niveau de leur situation de manière plus générale."
Le bus a été mis en place grâce au plan France Relance, au moment de la crise sanitaire. Il est financé jusque fin 2023. Espérer 95 souhaite obtenir les moyens de le pérenniser et d'étendre son action à tout le département du Val-d'Oise.
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