121 : c'est le nombre de jeunes qui seraient décédés en pratiquant le judo au Japon entre 1983 et 2016

France Inter
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Et cela fait plusieurs années que des organisations non gouvernementales donnent l’alerte sur ce phénomène.

Le judo en japonais signifie la voix douce, on utilise la puissance de l'adversaire, mais visiblement certaines méthodes d'entraînement sont tout sauf douces, à tel point qu'une association japonaise des victimes d'accident de judo s'est créée, elle alertait déjà en 2011, et dénonçait une culture militaire dans les écoles les coups de poings et les coups de pieds tolérés, les châtiments corporels des professeurs pour apprendre la disciplines...

C'est elle qui donne le chiffre de 121 décès signalés, soit presque 4 enfants par an, et elle cite des exemples encore pour l'année dernière : celui d'un adolescent de 12 ans décédé l'an dernier d'un caillot sanguin après s'être cogné la tête lors d'un combat, ou d'un autre jeune de 13 ans gravement blessé après une prise. Tout en rappelant que le judo en toute sécurité est possible, notant qu’aux États-Unis, en France, en Australie et en Grande-Bretagne, pas un seul enfant n’est mort du judo au cours des 20 dernières années.

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Et cette fois, c'est le propre président de la fédération japonaise de judo, le champion olympique de 1984 Yasuhiro Yamashita qui est sorti du silence

"Il regrette que le judo soit considéré comme extrêmement dangereux,  le monde du judo japonais devrait prendre cela au sérieux", voilà ce qu'il vient de déclarer à l'agence  Associated Presse dans un entretien paru hier. La légende de ce sport, celui qui a régné sans partage sur la discipline pendant près de 10 ans, admet franchement que les problèmes sont graves mais n'évoque que quelques blessures résultant de sanctions  à l'entraînements. Il précise: "Le problème est que le message n’a pas encore atteint tout le monde à la base ».

Mais les cas de maltraitance de jeunes sportifs  japonais ne concernent pas uniquement le judo

19% des jeunes athlètes de haut niveau japonais auraient subi des violences selon un récent rapport de Human Right Watch, intitulé "J'ai été frappé tant de fois que j ne peux pas compter." Harcèlements, intimidations... des pratiques qui  perdurent car en 2013 déjà, des vidéos les avaient mises au jour et fait scandale, à tel point que le comité olympique  japonais avait mené des enquêtes au sein de ses différentes fédérations, et même déjà sanctionné celle de judo en réduisant son financement après des affaires d'agression sexuelle.

Comment l'ONG  explique t'elle cette situation ?

Après avoir croisé les entretiens de parents d'universitaires, d'entraîneurs, articles de journaux, elle met en avant le fait que culturellement, la maltraitance des enfants dans le sport reste acceptée dans la société japonaise au bénéfice de la victoire et des trophées. Ce qui empêche bien souvent les jeunes athlètes de porter plainte. D'autant que, quand ils le font, les écoles et les fédérations punissent rarement les coupables et avancent des accidents.

Sauf qu'en accueillant les jeux olympiques et paralympiques reportés à 2021, tous les projecteurs vont être braqués sur ce qui se passe au Japon, l'exemple du judo, sport emblématique, peut cristalliser les critiques. Reste à espérer une prise de consciences et une vraie réaction, pour que toutes les mesures soient prises afin de faire évoluer les choses et de protéger des milliers de jeunes sportifs.