Mohamed El Shorbagy, une star du squash dans le monde arabe mais aussi dans le monde tout court. Numéro 1 mondial pendant plus de quatre ans et aujourd'hui numéro 3, qui vient d'annoncer son départ pour l'Angleterre.
Mais pas seulement pour un club anglais, non, pour la sélection britannique, l'équipe nationale, dont il portera donc désormais le maillot et chantera bientôt l'hymne en compétition.
"El Shorbagy a vendu l'Egypte", peut -on lire dans la presse cairote. "C'est un traitre à sa patrie", estime un ancien joueur de foot Ahmed Hossam. Des commentaires très hostiles donc au champion du monde 2017, qui a décidé de se défendre dans une interview en arabe à la BBC : "J'ai vécu en Angleterre la moitié de ma vie", explique l'Egyptien de 31 ans qui est arrivé à 15 ans pour étudier à Bristol. "J'ai été entraîné par des coachs britanniques". "En tant que citoyen anglais maintenant je donnerai tout pour le pays qui m'a soutenu pendant tant d'années"...
Pourquoi un tel tollé en Egypte ? Le squash est un sport important là bas ?
C'est tout le paradoxe... le squash, arrivé en fait avec l'occupation britannique, a été très vite adopté au pays des pharaons. Puis les Egyptiens l'ont révolutionné, en le rendant plus offensif, plus créatif aussi. Et à partir des années 90, femmes et hommes ont commencé à dominer les classements mondiaux. C'est toujours le cas trois décennies plus tard...
Et pourtant, c'est un pays où le football reste le roi, même si les résultats sont bien moins flamboyants. Mohamed Salah, l'attaquant de Liverpool, est 1 000 fois plus adulé que Mohamed El Shorbagy, l'homme aux 44 titres, un record chez les sportifs égyptiens. Et sans qu'il ne le dise complètement comme ça, c'est en réalité ce désamour qui a fait partir le champion de squash. "De toute ma carrière, je n'ai jamais eu un seul sponsor égyptien" a-t-il regretté au micro de la BBC.
Mais ce qui fait aussi gonfler la polémique, c'est que ce départ intervient dans un contexte peu favorable en Egypte : la crise économique, l'inflation, le musellement de l'opposition... N'est-ce pas aussi cette atmosphère pesante qui fait fuir le champion ? D'ailleurs, la députée Amira Saber Qandil s'est emparée du sujet sur Twitter : "Ceux que ce joueur de squash rend fous devraient s'inquiéter des médecins, des ingénieurs, des scientifiques. La fuite des cerveaux est un sujet très grave" s'alarme-t-elle. Le cerveau, les bras et les jambes de Mohamed El Shorbagy jouent pour la première fois sous les couleurs britanniques cet après-midi pour un tournoi sur l'ile Maurice.
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