A Milan a lieu aujourd'hui le sommet européen pour l’emploi auquel se rend François Hollande. Tandis qu'à Rome, les Sénateurs doivent se prononcer sur la réforme très controversée du marché du travail de Matteo Renzi.
Et non… ce n’est pas tout à fait la Dolce Vità que promet Matteo Renzi pour résorber le chômage des jeunes, au taux record de 44% en Italie.
Ce ne sera bientôt pas tout à fait la Dolce Vità non plus pour les CDI à vie.
Le code du travail à l’italienne, Matteo Renzi ne veut plus en entendre parler.
Supprimer la quarantaine de contrats de travail existants, rendre la vie plus facile pour les employeurs qui veulent licencier pendant les 3 premières années : voilà ce qu’essaie de faire passer le chef du gouvernement italien. Avec une contrepartie: une indemnité plus généreuse pour le chômeur, qui n’aura pas le droit de refuser plus d’une fois le travail qui lui sera proposé.
Mais surtout, et c’est ça qui dresse les syndicats contre sa vision de la vie professionnelle, c’est LA mesure phare du projet : la réforme de l’article 18 du code du travail qui protégeait les salariés contre les licenciements abusifs.
Jusqu’à présent, un salarié licencié sans cause réelle et sérieuse pouvait être réintégré. Avec la nouvelle loi, ce serait désormais impossible dans les entreprises de plus de 15 salariés.
Cette réforme risque de passer au Parlement, même si Matteo Renzi doit affronter l’aile gauche de son parti.
Car il a ses frondeurs à lui: entre trente et quarante parlementaires qui l’accusent de thatchérisme.
Ceci dit, ça n’a pas empêché la direction de son parti, le parti social-démocrate, d’approuver ce qu’on appelle en Italie le « Jobs act » le 29 septembre dernier.
Il aura aujourd’hui probablement le soutien du centre et de la droite. Et si ce n’était pas le cas, si comme pour un autre gouvernement il y a deux ans, Matteo Renzi se cassait les dents sur cette réforme, il l’a déjà dit: il n’hésiterait pas à recourir à des décrets d’urgence.
Sa méthode peut-elle inspirer les Français?
Sans doute. On vient de voir que Manuel Valls reparle de l’assurance chômage.
En Italie, Matteo Renzi a jeté là les bases d’une flexisécurité à l’italienne, sans grande concertation avec syndicats et patronats. Des syndicats que Renzi accuse de défendre avant tout les CDI, pas les précaires et pas les chômeurs : des arguments qu’on entend aussi en France.
Le principal syndicat de gauche menace d’une grève générale le 25 octobre prochain pour mener une orribile vita à Matteo Renzi… Ce sera évidemment très surveillé en France.
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