(Rediffusion du 18/02)
Alors que le journal Libération vit en ce moment une période tourmentée, de nouveaux sites d'information font leur apparition. Appuyés par des mécènes extrêmement généreusement, ils offrent une nouvelle façon de consommer l'information et de nouveaux modèles économiques.

Le plus novateur, c'est probablement: " Now this news". Vous voyez le journal de 20 heures? Et bien vous faites exactement le contraire : pas question d'un rituel de 30 minutes devant sa télévision pour passer de la politique à l'international, pour finir par la culture et la météo. Ici, on zappe de vidéo en vidéo de 40 secondes, et même de 6 secondes à 1 minute 30 grand maximum.
Vous piochez ainsi, suivant vos centres d'intérêts, entre « Now this politics » si vous voulez de la politique, « Now this entertainment », si vous vous intéressez à la culture…
L’objectif affiché, c’est de révolutionner le journalisme, ni plus ni moins, et de capter l'attention volatile de la fameuse génération Y, celle qui a grandi avec internet et les réseaux sociaux. L'idée lancée il y a deux ans par ses fondateurs, 2 anciens du_ Huffington Post_ , c'est d'inverser complètement les rôles: au lieu d'attirer le "client", on va le chercher où il se trouve déjà: sur YouTube, Instagram, Vine…
Est-ce un nouveau modèle économique pour la presse?
On en est aux prémisses, mais c'est à regarder de près pour les autres médias. Le site vient de lever 10 millions de dollars et d’inverse la vapeur: il va bientôt alimenter une chaîne d'information américaine NBC, en lui produisant entre 30 et 40 vidéos par semaine.
Ce qui est beaucoup plus ambigu, c'est la question de la pub. Les dirigeants du site expliquent vouloir faire de la « publicité sociale ». Où sera la publicité et où sera l'information? On peut d'ores et déjà redouter un certain mélange des genres.
Les grandes fortunes du web commencent, elles aussi, à s'intéresser sérieusement à l'information. Et elles ont le potentiel pour devenir de vrais rouleaux compresseurs.
Pierre Omidiyar, le fondateur d'ebay, a lancé il y a une semaine exactement First Look Media , un tandem avec une pointure du journalisme, Glen Greenwald, le premier à relayer les révélations de Snowden sur la NSA.
Le multimilliardaire irano-américain et l'ex reporter du Guardian ont commencé avec Intercept, de nouvelles révélations sur les assassinats par drones commandés par les Américains.
A l'heure où les rédactions coupent les budgets de reportage, réduisent les effectifs, exigent la polyvalence low cost, Omidyar promet du temps, de l'argent, et un retour aux sources nobles du métier. Bref, un eldorado pour les futurs prix Albert Londres et une mine de nouvelles informations pour les lecteurs.
En France, certains mécènes du web se placent aussi sur ce créneau. Marc Ladreit de La Charrière, à la tête de la holding Fimalac, possède Pure People , Pure Trend , Pure Medias et ne compte pas s'arrêter là : il dit vouloir devenir le nouveau leader des médias numériques avec, lui aussi sans doute, l'intention d'inverser les courbes. Les courbes d'audience cette fois.
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