Par Dorothée Barba
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« Vous devez 42.998 dollars ! » Le titre choc fait la une du Time Magazine , qui s’adresse à chaque habitant des États-Unis. Presque 43.000 dollars de dette publique par habitant. Mais est-ce que cela signifie que chaque Américain les doit réellement ?__ Pas du tout. Vous lirez sur le site Slate.fr pourquoicalculer la dette par habitant n'a aucun sens . Parce qu’une dette publique n’a pas vocation à être remboursée par les citoyens , encore moins par chacun à hauteur du même montant. Et parce qu’il ne faut pas oublier les actifs du pays : les biens immobiliers, les placements financiers etc. Si on s’amuse à calculer la dette par habitant, il faudrait aussi diviser le montant du patrimoine par le nombre d’habitants . Voilà une mise au point salutaire, d’autant que la pratique est répandue aussi en France.

On a beaucoup lu, en effet, que « chaque Français, à sa naissance, doit déjà 30.000 euros ». Et ça n’a pas plus de sens de notre côté de l’Atlantique.
La dette publique française s’élève à 2.100 milliards d’euros. Elle devrait continuer à augmenter en 2016 et 2017 , a annoncé le ministère des finances la semaine dernière, mais augmenter un peu moins que prévu. C’est notamment ce qui a fait dire à François Hollande jeudi soir que la France allait un peu mieux, même si ce n’est pas flagrant pour les Français. L’objectif de revenir à un déficit sous les 3% de PIB sera tenu, promet Bercy.
Et c’est l’occasion de l’interroger, ce fameux 3%. Ce seuil qui est au cœur de toutes les politiques économiques en France depuis 35 ans**. Il est saisissant de découvrir comment est née cette règle. Elle a été inventée par Guy Abeille, Monsieur 3%.** Guy Abeille est un ancien chargé de mission de la direction du Budget. Il témoigne dans un documentaire très éclairant, que je vous recommande : La dette, chronique d’une gangrène , de Joël Calmettes. Un documentaire diffusé récemment sur France 5 et qui vient de sortir en DVD : il décortique les mécanismes de la dette avec beaucoup de pédagogie. Au début de l'été 1981, François Mitterrand cherche un argument simple pour faire barrage aux demandes de dépenses budgétaires dans un contexte d'enthousiasme lié à l'alternance politique. La suite, c'est Guy Abeille qui raconte :
Le cinq sept 2013 - SON ECO DU MATIN 1/1 - Histoire des 3%
43 sec
Cette règle, depuis, est répétée comme une évidence par tous les chefs d'Etat, quel que soit leur bord politique et reprise, surtout, par l’Europe, au moment du traité de Maastricht : un déficit à 3% du PIB, c'est le critère pour tous les pays membres de la zone euro. On est ravis d'apprendre qu'elle a été imaginée en une heure ! Une division à la louche, sur un coin de table...
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