Entreprises et labo : des mariages pour la bonne cause

France Inter
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Par Dorothée Barba

On se penche ce matin sur le financement de la recherche scientifique et sur les liens entre chercheurs et entrepreneurs .

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Car le sujet fait grand bruit au Royaume-Uni, ces jours-ci. Les scientifiques britanniques sont vent debout contre la « clause anti-lobby » : une règle qui pourrait, si elle aboutit, interdire à une organisation financée par de l’argent public de critiquer les politiques publiques. L’idée peut paraître logique : ne pas utiliser l’argent de l’Etat pour dire du mal de l’Etat. Mais un chercheur doit pouvoir se pencher sur une mesure prise par le gouvernement, l’examiner et au final la critiquer, même si il est financé par de l’argent public.

Parmi les voix qui s’élèvent contre ce projet, il y a celle d’une jeune chef d’entreprise française, parce qu’elle est concernée par ces questions de financement de la recherche. Mélanie Marcel a 25 ans, elle est la fondatrice de So Science , entreprise spécialisée en innovation responsable. Son idée, c’est de mettre la science au service de la bonne cause : elle monte des partenariats de recherche entre des laboratoires publics et des entrepreneurs sociaux.

Recherche médicale
Recherche médicale
© MaxPPP - Frederic Cirou

Un exemple concret ? Au Burkina Faso, une entreprise a eu l’idée de créer un savon répulsif anti-moustique, histoire que les gens se protègent contre le paludisme à chaque fois qu’ils se lavent. Pour que ça marche, il faut « encapsuler » l’anti-moustique dans le savon. C’est là que So Science intervient : Mélanie Marcel a trouvé un labo de micro-fluidique qui travaille sur ces problématiques, à Paris, et monté un partenariat de recherche. Le savon devrait bientôt être produit. Un appel à financement participatif a d'ailleurs été lancé sur le site Ulule pour la deuxième phase des recherches.

Les entreprises sociales et solidaires, la plupart du temps, n’ont pas les moyens d’investir dans la R et D (recherche et développement) comme le font les grands groupes. Les labos, eux, ne savent pas qu’il y a quelque part une entreprise très intéressée par leurs recherches. Ce travail d’intermédiaire est donc précieux.

So Science se rémunère en prenant l’argent là où il est : auprès des grands groupes. Mélanie Marcel organise aussi des formations en innovation responsable. Récemment, une journée de formation sur le futur de l’alimentation, suivie par des grands noms de l’industrie agroalimentaire. Aucun risque pour son indépendance, assure Mélanie Marcel : elle se réserve le droit de choisir ses clients

Un dernier mot sur le parcours de Mélanie Marcel, qui est assez étonnant. Auparavant, cette spécialiste en neurosciences travaillait au Japon, chez NTT Docomo , un opérateur télécom. Ses recherches portaient sur la communication neurones - machine. C’était de la recherche fondamentale, passionnante. Mais elle a réalisé, un jour, que le but final était en fait de réfléchir à la façon dont on pourra implanter, dans le futur, des téléphones portables directement dans nos cerveaux. Le jour où elle comprend cela, elle quitte le Japon et décide de créer son entreprise pour tenter de donner du sens à la science.

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