Brexit, sortie de l’euro : la campagne présidentielle a été émaillée de ces sujets. Pourtant une autre solution existe… On oublie l’argent, et on parle de temps.
« Le temps c’est de l’argent », on connaît tous le dicton. Et si demain on prenait la formule au pied de la lettre ? Et si demain, votre temps prenait une vraie valeur, une valeur d’échange ?
Le time banking ou banque du temps c’est ça : l’unité de compte n’est plus la livre ou l’euro mais le temps que vous avez consacré à fabriquer quelque chose ou à rendre un service.Un concept inventé aux Etats-Unis par Edgar Cahn. Il a aujourd’hui 82 ans, et c’est un ex professeur de droit, accessoirement ex plume de Robert Kennedy. Rien ne l’orientait particulièrement vers les milieux caritatifs et tout porte à croire qu’il n’aurait pas lâché la lecture de ses codes civils et autres revues juridiques si un jour, il n’était tombé gravement malade. Le voilà des semaines immobilisé à l’hôpital. Pour la première fois en état de dépendance. Mais surtout il est incapable de rétribuer les personnes qui s’activent autour de lui. C’est ainsi qu’est né le premier Time-Dollar aux Etats-Unis dans les années 80.
Aujourd’hui les banques de temps existent dans plus de 280 villes, majoritairement dans les pays anglo-saxons : aux Etats-Unis, au Canada, en Nouvelle Zealande, il en existe en Grande Bretagne aussi : toujours au niveau local.
Une idée utilisée en Grèce
Au pire de la crise en 2012, les Grecs ont appliqué le concept. D’abord comme une façon de s’entraider entre particuliers sans que ça ne leur en coûte un bras. Un plombier réparera une tuyauterie. S’il y passe une heure, cette heure sera créditée sur son compte. 60 minutes égale 60 à unités virtuelles qu’il pourra utiliser pour rémunérer quelqu’un d’autre, et le jour où l’ ordinateur du plombier tombe en panne, alors il fera appel à un informaticien membre du réseau.
Au fur et à mesure, le maillage de compétences s’est densifié : cours de langues étrangères, de botanique, psychothérapie, bricolage, dessin, graphisme… Des loisirs, du bien-être, mais aussi des services de réparation qui coûtent parfois cher.
En France, vous avez ainsi une centaine de système d’échanges locaux. Mais au delà de rendre de petits services, plusieurs études (notamment une de la NEF, coopérative de finances solidaires) ont démontré que ce système pouvait être particulièrement efficace pour stimuler les services à la personnes et les services sociaux.
Impliquer les citoyens, les amener à co-produire les services change radicalement l’état d’esprit dans lequel ce service est rendu. Il permet aussi de regarder différemment ceux qui d’ordinaire s’implique peu dans le travail bénévole. Les chômeurs ou les salariés à bas salaires par exemple.
"Le temps c’est de l’argent…" : prise au pied de la lettre la formule est peut-être plus révolutionnaire qu’il y paraît.
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