Aujourd’hui sur l’île de Sein, au large du Finistère, une partie des habitants lance l’appel du 18 juin. Contrairement à 1940, il ne s’agit pas de se libérer des Allemands. Les Sénans organisent une autre résistance : ils cherchent à se libérer du groupe EDF.

Vous vous souvenez du temps qu’il fait sur l’île de Sein? Les lunettes embuées de François Hollande, la pluie? Les bourrasques de vent ? C’était le 25 août dernier. Ce temps pourri est aussi la bénédiction de l’île de Sein.
Il signifie que les éoliennes tournent à plein régime, et produisent une électricité 100% écolo. Grâce à ses 6 éoliennes, l’île est à deux gouttes d’être indépendante du point de vue énergétique. La société I.D.S. E, Ile de Sein Energies, a monté un projet qui permettrait de bouter hors de l’île les groupes électrogènes alimentés en pétrole. Pas plus économique pour le consommateur, mais plus écologique.
Sauf qu’EDF n’est pas du tout, mais alors pas du tout en faveur de ce scénario. L’histoire actuelle, écrite en 1946, lui convient même plutôt très bien: la loi lui accorde le monopole. Ses 4 groupes électrogènes tournent au fioul - 420 000 litres par an et lui valent une petite subvention de 400 000 euros payée par le contribuable via la CSPE, la contribution au service public de l’électricité.
EDF tente donc de faire passer l’idée suivante: 30% d’énergie renouvelable c’est bien, plus c’est trop. Quant à 100% ce serait I-NEN-VI-SA-GEABLE.
Mais ce n’est pas vrai du tout. Il y a 3 exemples à l’étranger qui marchent. Trois îles complètement autonomes grâce à leurs énergies renouvelables: l’île d’Eigg en Ecosse, l’île Samso au Danemark et l’île d’El Hierro en Espagne.
L’ironie, c’est que l’Etat qui soutient plutôt EDF dans l’affaire de l’île de Sein a récompensé El Hierro pour ses efforts en matière de transition énergétique.
Justement, la loi de transition énergétique devrait favoriser ce genre de virage écologique. Le vote définitif de la loi aura lieu avant la mi-juillet.
D’ailleurs, en mars dernier, les sénateurs avaient ajouté un amendement à ce texte pour que certaines zones très isolées puissent s’affranchir de la tutelle d’EDF.
Mais avec l’aide des lobbys pro-EDF, l’amendement a disparu et Ségolène Royal ne s’est pas vraiment battue pour l’y réintégrer.
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