Par Dorothée Barba
J'ai une pensée pour tous ceux et celles qui, ces jours-ci, démontent des bidules. A peine le Père Noël reparti, ils se jettent sur leurs cadeaux et les démontent, pour voir dedans ! On en connaît tous au moins un ou une, enfant ou adulte : quelqu’un qui aime voir les entrailles des machines et savoir comment ça marche. Eh bien c’est comme ça que Julien Phedyaeff a trouvé sa voie. Ce jeune designer français qui s’est lancé dans une croisade contre l’obsolescence programmée . Après des années à démonter toutes les machines qu’il croisait, il s’est dit qu’il fallait faire quelque chose contre ces produits conçus pour ne pas durer, pour ne pas être réparables. D’ailleurs ils sont impossibles à ouvrir, souvent : c’est vrai pour les ordinateurs, les smartphones, les machines à laver. Les pièces détachées, quand elles existent, coutent un prix prohibitif. Bref, tout est fait pour qu’on rachète du neuf.
L’obsolescence programmée est interdite par la loi depuis l’été dernier, mais avant de prouver de manière certaine que tel produit a été fabriqué pour ne surtout pas durer, on n’est pas au bout de nos peines . Alors Julien Phedyaeff a conçu « l’Increvable ». Une machine à laver le linge qui doit durer 50 ans ! En cette fin d’année, il est en train de déposer les statuts juridiques de son entreprise. En 2016 il va chercher des partenaires, trouver des financements et il espère mettre sa machine en vente courant 2017. Il se passe enfin quelque chose de concret contre l'obsolescence programmée.
L’increvable sera vendu en kit. Vous montez votre machine vous-même, à la maison. Du coup, pas besoin d’usine d’assemblage, cela permet de faire des économies de production. Pour l’instant, Julien Phedyaeff évoque une fourchette de prix assez large : sa machine coutera sans doute plus de 500 euros, mais moins de 1000.
Certes, les produits en kit, type Ikéa, ne sont pas réputés pour être très durables. Mais le créateur de « l’increvable » l’assure, c’est le seul point commun avec le géant suédois du meuble. Acheter sa machine en kit, explique-t-il, c’est aussi une manière de s’attacher à elle. Et on sera moins enclin à s’en débarrasser au premier pépin. En tout cas, il y a un marché énorme, nous sommes très nombreux à être exaspérés par l’obsolescence programmée.
En attendant cette machine prévue pour 2017, on peut rejoindre le mouvement HOP : « halte à l’obsolescence programmée ». C’est une association qui vient de lancer un site internet dans lequel on peut dénoncer les produits jetables et signaler ceux qui au contraire durent longtemps. Evidemment, ce site aura vraiment de l’intérêt quand beaucoup de monde l’utilisera, et que les références de produits seront très nombreuses, ce n’est pas encore le cas. Raison de plus pour vous connecter sur : www.produitsdurables.fr
Un dernier conseil : quand votre fer à repasser est cassé, même si ça vous semble insurmontable, essayez de le réparer vous-même ! Pour ça, il y a les Repair Café, des endroits où on vous aide à réparer vos objets. Pas de garantie de réussite à 100%, mais souvent, ça marche. Et c’est aussi une forme d’émancipation, pour le consommateur, de réparer lui-même pour sortir de l’ère du jetable.
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