Le marché des réfugiés

France Inter
Publicité

Encore 76 000 migrants sont arrivés en Europe au mois de janvier, le chiffre est tombé hier.

Selon une idée communément admise l’accueil des migrants coûterait cher à la collectivité. Or les migrants génèrent aussi une économie qui profite au secteur privé nottamment en Allemagne

Publicité

L’exil coûte très cher : tout au long de leur trajectoire les migrants payent. Payer pour partir. Puis payer pour rester, une vraie manne pour ceux qui croisent leur route.

Traverser la Méditerranée pour quitter la Syrie, si l’on en croit les témoignages, ça représente entre 2000 et 3000 euros par personne, dans la poche des passeurs . Ensuite, en Europe, se pose la question de l’hébergement.

Devant l’afflux de réfugiés en Allemagne, 1 million l’année dernière, 500 000 personnes probablement cette année, l’urgence est de loger ces réfugiés.

Les salles de sport, les aéroports fermés et les tours de bureaux désaffectés, font l’affaire un temps mais pas sur le long terme. La ville de Berlin cherche donc en ce moment des solutions auprès des hôtels.

Elle aurait donc trouvé une chaîne qui possède 22 établissements pour héberger 10 000 personnes.

Tarif proposé pour ce séjour de groupe: 50 euros par réfugié et par nuit. Ramené à un mois c’est 1500 euros.

Tout benef’ pour la chaîne d’hôtel qui affiche ainsi un taux de remplissage de 100%.

Et pas d’impayés, puisque c’est la ville qui prend en charge.

Camps de réfugiés à Lakki sur l'ile de Leros
Camps de réfugiés à Lakki sur l'ile de Leros
© MaxPPP/Arnaud DUMONTIER

Le bâtiment va aussi bénéficier des investissements de l’Etat . D’abord parce que Berlin vient de lancer un énorme plan de construction de logements neufs: 350 000 logements neufs par an, c’est 100 mille de plus qu’aujourd’hui.

Ensuite parce que les réfugiés représentent un réservoir de main d’œuvre dont l’Allemagne a cruellement besoin.

Outre-Rhin, la fédération du patronat lorgne donc du côté des informaticiens, des mathématiciens, du personnel soignant, mais aussi des boulangers ou même des menuisiers.

Au total, la crise des migrants devrait donc coûter 22 milliards d’euros d’argent public à l’Allemagne. Mais ce sont 22 milliards directement réinjectés dans l’économie.

L’Institut de Recherche économiques de Berlin a également fait ses calculs, cette fois sur les répercussions de ce que l’on appelle encore la crise des migrants sur la consommation intérieure. Plus 0,3 à 0,4 points de croissance en 2016. Sur la route des migrants on trouve à un moment ou un autre, des fabricants de lit de camp, des vendeurs de conteneurs, des entreprises de nettoyage de gardiennage, des médecins pour qui les réfugiés représentent un marché. Les professeurs de langue ont augmenté leurs tarifs et les auto-écoles s’apprêtent à les imiter.

En France, d’ailleurs Pierre Gattaz, le patron du MEDEF signait dans le Monde le 12 septembre dernier une tribune qui allait tout à fait dans le sens du le gouvernement allemand.

« Accueillons les migrants écrivait-il. Sachons tirer profit de leur dynamisme de leur courage et de leur histoire.

Accélérons enfin nos réformes pour être capables de les intégrer pleinement dans la durée ».

Le texte avait pour titre: « Les migrants sont un atout pour la France. »

Moralité en économie, charité bien ordonnée commence parfois par l’autre.

L'équipe