Madame Lagarde, encore une question

France Inter
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le fmi exprime son soutien à christine lagarde
le fmi exprime son soutien à christine lagarde
© reuters

Quelques jours après le renvoi de Christine Lagarde devant la Cour de Justice de la République dans l’affaire Tapie, vous vous intéressez de nouveau à son cas mais cette fois dans une autre affaire.

Un jeune élu de gauche a déposé hier un appel devant le tribunal administratif pour comprendre pourquoi et comment l’ancienne Ministre a pu accorder un crédit d’impôt de près de 2 milliards à la Société générale après l’affaire Kerviel.

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Si vous votez plutôt à droite, je préfère vous prévenir, ce jeune élu aujourd’hui porte-parole d’Europe Ecologie les Verts, cofondateur de Génération Précaire, il a tout pour vous déplaire: une grosse tignasse de cheveux frisés, il porte des polaires, ajoutez à cela ses activités dans l’association « Sauvez les Riches » et vous avez là le militant associatif de gauche dans toute sa splendeur.

Sauf qu’il lui arrive de poser des questions intéressantes, Julien Bayou.

Exemple : celle qu’il a posée en 2012, il y a 3 ans, à la Ministre de l’Economie, Christine Lagarde.

Question simple: pourquoi 1,7 milliards de déduction fiscale pour la Société Générale ?

Pour quoi faire? Qu’en a-t-elle fait en pleine cure d’austérité pour tout le monde ?

Et, malin, Julien Bayou, il savait que Bercy avait la réponse à cette question.

Pourquoi ? Parce qu’un service, le DVNI, la Direction des Vérifications Nationales et Internationales, avait travaillé sur le sujet, et avait rédigé une note précisément sur ce thème. Et il demande donc, Bayou, d’avoir accès à cette enquête.

D’abord, le Ministère ne lui répond pas. Mais en invoquant un argument plus que discutable : le secret fiscal de la Société Générale. La Société Générale, contribuable comme les autres en somme. Le 29 octobre dernier, le tribunal administratif a donc rendu sa décision, très rapidement : complètement d’accord avec la Ministre de l’époque.

Dommage. La Direction générale des Finances Publiques ne peut pas donner le document: secret fiscal.

Hier, Julien Bayou a donc fait appel de cette décision, prochaine étape en janvier.

Entre 2012 et maintenant, la majorité a changé : on peut penser que les choses vont évoluer, non ?

Ce qui est assez drôle d’ailleurs, c’est qu’entre temps, même des députés de l’actuelle opposition se sont emparés du sujet: Thierry Solère et Gérald Darmanin, deux élus ont réclamé un peu de transparence à Pierre Moscovici. Ils ont eu droit à exactement la même réponse : secret fiscal.

Bien avant cela, en 2010, François Hollande s’en était ému sur Canal+ : « Comment expliquer, s’indignait-il à l’époque, que quand une banque fait une erreur, c’est le contribuable qui paie? »

Et oui, erreur de la banque puisqu’on sait que Société Générale n’avait pas surveillé l’un de ces traders (décision de la Cour de Cassation).

Moralité : est-ce qu’il n’y a pas une vraie hypocrisie à ne pas nous expliquer ce qui est fait de notre argent ?

Quand il sert à renflouer une banque qui ferme des centaines d’agences…

Pour info, 1,7 milliard de crédit d’impôt pour la Société Générale, c’était 30 euros pour chacun d’entre nous.

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