Quand la foule finance la presse

France Inter
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Alors que le film Spotlight a été écompensé par l’Oscar du meilleur film, c'est loccasion de mettre en lumière les nouveaux moyens de financement dont auxquelles la presse fait appel pour travailler aujourd’hui : le crowdfunding et les souscriptions.

Imaginez un instant que le Boston Globe n’ait pas eu les moyens de ses ambitions, pas les moyens de payer ses journalistes, pas les moyens de résister aux pressions des annonceurs.

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Pas les moyens de faire éclater la vérité : les actes criminels de pédophilie commis par les prêtres

On n’a pas les moyens, du temps, du reportage de l’investigation c’est pourtant la rengaine de la plupart des journaux aujourd’hui.

Tout simplement pour sauver leur peau, certains titres comme l’Humanité , ont lancé une souscription: 1 million 750 000 d’euros déjà collectés.

Le financement participatif : la solution pour une presse en manque de moyens
Le financement participatif : la solution pour une presse en manque de moyens
© Public domain

Mais certains se demandent maintenant si on ne pourrait pas aller plus loin.

Pour retrouver le coeur du métier, l’enquête, pourquoi pas lancer une campagne de crowdfunding? Et même tendre la main à d’autres rédactions pour des missions ponctuelles?

Plus efficace quand on veut travailler sur l’influence des lobbys par exemple…

Le magazine économique Alter éco plus a lancé sa propre campagne de financement il y a une dizaine de jours sur la plateforme Ulule. Et il a déja collecté 71 000 euros.

Son projet ? Une nouvelle plateforme numérique.

L’idée c’est de proposer sur internet l’intégralité de ce magazine que vous avez peut-être lu au lycée si vous avez fait BAC B ou plus tard BAC ES.

De manière assez surprenante c’est l’ancienne compagnie des chèques déjeuners (qui s’appelle maintenant UP) qui a mis le maximum au pot : plus de 10 000 euros, en doublant chaque don. Et la souscription n’est pas terminée.

L’an dernier, Alter Eco , 40 salariés, avait déjà lancé un appel aux dons, à l’époque avec Kiss Kiss bank Bank . 200 000 euros avaient atterri dans les caisses.

Alors pourquoi ne pas fonctionner comme ça, pense maintenant tout haut Laurent Jouanneau, un des rédacteurs en chefs. Pourquoi ne pas proposer tout en gratuit sur le net et faire financer au coup par coup par les lecteurs ?

Ce qui n’est pas du tout l’intention des Jours : le nouveau site de deux ex-signatures de la chronique télé de Libération : Raphael Garrigos et Isabelle Roberts.

Pas de gratuité chez eux. Leur site coûte 1 euro par mois, c'est l'offre de lancement. et ce sera 9 euros à terme, avec un tarif spécial chômeurs et étudiants. Mais eux aussi comptent beaucoup sur le crowdfunding, et plus exactement sur l’"Equity Crowdfunding" lancé via la plateforme Anaxago . Objectif à atteindre : 750 000 euros.

Ce qui signifie qu’avec ce système, les souscripteurs deviendront, par la grâce de leurs dons, des actionnaires.

Mais promis, garantissent Garrigos et Roberts, 2 farouches de la liberté de la presse: même le plus gros actionnaire sera toujours minoritaire…

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