Quand solvabilité rime avec réseaux sociaux

France Inter
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ufc-que choisir met en demeure les réseaux sociaux de se conformer à la loi française
ufc-que choisir met en demeure les réseaux sociaux de se conformer à la loi française
© reuters

Aux Etats-Unis, des organismes de crédit évaluent la solvabilité de leurs clients par le biais de leur présence sur les réseaux sociaux, ce qui commence à inquiéter les associations de défense des consommateurs.

Savez-vous combien vous avez followers sur Twitter? Combien d'amis sur Facebook? Combien de personnes ont aimé ou liké vos photos?

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Figurez-vous qu'aux Etats Unis, votre popularité sur les réseaux sociaux est déterminante. Pas simplement pour mesurer votre popularité, mais pour vous permettre (ou non) de décrocher un crédit.

Certains établissements de prêt, Lendup, Lenddo ou encore Moven, estiment que votre réseau est un gage de solvabilité, et une vie active sur le web une preuve de stabilité, ce qui ferait donc de vous un bon payeur. Car ces banques ne font pas que compter votre nombre d'amis, elles regardent aussi QUI vous avez pour amis. Et donc vous aurez plus de chance d'obtenir votre crédit si vos camarades habitent près de chez vous.

Enfin, si vous avez parmi vos amis un mauvais payeur, il y a des chances pour que votre image soit touchée, et que vous en soyez pénalisé.

Pour l’instant, cette pratique ne risque pas d'arriver en France, mais il ne faut évidemment pas l'exclure . Quoi qu'il en soit, dans l'hexagone, l'Association française des usagers des banques est déjà aux aguets, prête à dénoncer d'éventuels dérives. Ecoutez son porte-parole, Serge Maître :

Le cinq sept 2013 - son eco du matin serge maître ami crédit

43 sec

Et c’est absolument légal. Ou du moins, ce n'est pas illégal. Même si, en principe, dans le cadre de la loi Informatique &Libertés, toute personne qui vient recueillir des renseignements qui n'ont a priori rien à voir avec la relation commerciale directe, risque de se voir rappeler à l'ordre par la CNIL. Mais ça, c'est très théorique. Avant que la CNIL ne dénonce cela, de l'eau aura coulé sous les ponts.

Autre obstacle : il n'existe pas encore de jurisprudence sur le sujet, donc pour l'instant, aucun réel frein au développement de cette tendance.

Ces évaluations de popularité peuvent-elles encore réduire le nombre de crédits accordés ? Les enveloppes sont déjà si restreintes que l'on voit mal comment les banques pourraient les limiter encore.

Sans compter que scruter la toile à la recherche des amis des uns et des autres coûte cher. Il faut mettre au point un logiciel de recherche sur les réseaux sociaux sur internet : un investissement que toutes les banques n'auront pas forcément envie de faire. Donc "pas d'ami, pas de crédit" : la réalité économique, son coût, sera sans doute le meilleur obstacle au développement de cette pratique.