Radiohead : un coup de com'... sans com'

France Inter
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Sans tambour ni trompette, le dernier single de Radiohead est sorti hier, et c’est justement cette absence de promo qui en fait un sujet éco.

Un sujet qui pourrait s’appeler "comment s’absenter pour attirer l’attention".

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C’est ce qu’a fait Radiohead : il a tout simplement commencé par orchestrer sa disparition. Dimanche, effacement de toutes ces traces sur internet.

Plus de gazouillis sur tweeter, plus de post sur Facebook. Même son site officiel radiohead.com a été réduit à une page blanche . Ne restaient plus que ses comptes, mais tous vides. Ce qui a tout de suite mis la puce à l’oreille des groupes de fans et lui a valu des articles dans Le Guardian et dans Libération

Pourquoi ils font ça ? Qu’est-ce qu’ils couvent ? Et ce qu’ils prépareraient un nouvel album ?

Et puis hier, après une grasse matinée, le petit oiseau a chanté.

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C’était donc ça : un clip, une chanson : « Burn the Witch ».

Cinq ans après leur dernier album The King of Limbs sorti en 2011.

Le tour était joué, la publicité était faite, les fans étaient aux aguets.

Et tout ça, sans débourser un centime de promo.

Ce qui confirme chez le groupe un sens aigu des affaires.

C’est le journal The Guardian qui décrivait dans ses pages vendredi dernier la Radiohead company.

Vingt firmes différentes,

vingt structures financières qui font plus penser à un conglomérat de la Silicon Valley qu’à un groupe de rock de la région d’Oxford.

Pour gérer les revenus colossaux générés par leurs albums, ils ont notamment monté ces six derniers mois

Dawn Chorus Limited Liability Partnership ou encore Dawnn Choruss Limited, se permettant le luxe de doubler les voyelles, comme deux énormes fautes d’orthographe. D’ailleurs la malice dans le nom de leurs firmes est assez fréquente. Vous avez Random Rubbish Ltd : en français ça donne "détritus à l’abandon", ou encore Waste Products Ltd pour gérer leurs produits dérivés sur internet. Waste signifie « gâchis. »

Mais de là à multiplier les firmes, on s’interroge. Vous avez dans le groupe un batteur Phil Segway qui sait aussi bien manier la baguette que réaliser des montages financiers, une de ses passions.

Mais au-delà de cela l’intérêt de séparer les firmes, c’est éventuellement de se préserver d’éventuels dégâts en chaîne si un album ne marchait pas.

Le groupe est adepte de la prise de risque. Souvenez-vous, c’est Radiohead qui a proposé à ses fans de payer « In Rainbows » le prix qu’ils voulaient pour l’album.

Et ils ne sont pas les seuls à monter ce genre de structure : la chanteuse Adèle par exemple en a cinq rien qu’à elle, Paul Mac Cartney en a eu huit. On est donc loin aujourd’hui des chanteurs qui se font arnaquer par leur producteur. Les artistes du XXIe siècle sont aussi des hommes et des femmes d’affaires.

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© Radiohead Les Nuits de Fourvière