Alexandre Jollien : itinéraire spirituel d’un philosophe

Le philosophe et écrivain suisse Alexandre Jollien
Le philosophe et écrivain suisse Alexandre Jollien ©AFP - Joël Saget
Le philosophe et écrivain suisse Alexandre Jollien ©AFP - Joël Saget
Le philosophe et écrivain suisse Alexandre Jollien ©AFP - Joël Saget
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Rencontre avec Alexandre Jollien, un philosophe à la recherche de la « joie qui danse », de la paix de l’âme. Il nous apprend à vivre sans pourquoi…

Avec

Né en 1975, Alexandre Jollien souffre d’une infirmité motrice cérébrale et vit de l’âge de 3 ans jusqu’à 20 ans dans une institution spécialisée pour personnes handicapées physiques. Il a la révélation en lisant un ouvrage sur Platon qui invite à vivre meilleur plutôt qu’à vivre mieux et décide alors d’étudier la philosophie à l’université.

D’emblée, sa réflexion et ses écrits portent sur la thérapie de l’âme. Il tente d’avancer sans masque, cherchant la liberté intérieure dans le dépouillement plutôt que le volontarisme, dessinant un art de vivre dans une langue simple et juste.

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Son dernier ouvrage : Vivre sans pourquoi. Itinéraire spirituel d’un philosophe en Corée (Points Seuil)

A lire aussi : Eloge de la faiblesse, paru chez Marabulle

Instants choisis

"J’ai appris qu’on ne guérit pas, il faut se guérir de l’idée de guérir, accepter de « porter du chaos en soi pour accoucher d’une étoile dansante » comme dit Nietzsche… J’aime Nietzsche parce qu’il décape l’âme".

"Je suis un camé d’affection, j’en ai manqué dans l’enfance, je la recherche de manière effrénée, il faut accepter qu’il y ait une part inconsolable en nous".

"Récemment une amie venue chez nous a dit « c’est le bordel mais il n’y a pas de problème », j’ai aimé sa remarque, le chaos peut être fécond parfois, la grande santé c’est d’embrasser nos contradictions… Il faut être bienveillant face à notre grand champ de bataille intérieure".

"La grande santé, c’est de ne pas faire un drame de ce qui nous tourmente mais de tâcher de progresser vers l’amour de l’autre."

"On est trop souvent dans le commentaire intérieur plus que dans la vraie vie. Evitons de succomber dans ce que Spinoza appelle les passions tristes."

"La prise de conscience de notre libre arbitre peut nous donner une énergie salvatrice. Il est essentiel de placer la paix au cœur de notre vie. Nous avons une pente naturelle vers la passivité."

Noëlle Bréham : La place du handicap dans votre vie est importante ?

A. Jollien : "Grâce à mon entourage, je commence à vivre ce handicap comme une sorte de laboratoire humain, Il y a quelque chose d’universel dans cette expérience du handicap qui ouvre les portes vers l’autre. C’est pour moi l’occasion de découvrir au sein du chaos, un peu de joie et de paix."

"On est perpétuellement dans le jugement de l’autre et de soi, il faut se dépouiller de ça, c’est une liberté immense quand on y parvient… la méditation est une des voies possibles."

"On parle beaucoup d’estime de soi, je parlerai plutôt de la confiance, avoir confiance en la vie, c’est une ouverture du cœur. La gratitude ouvre la voie à la confiance. Un bon repas, une amitié, la chance d’être en vie, d’avoir des enfants… tout cela nous ouvre…et nous rend confiant"

Au cours de l’émission vous avez pu entendre

• un extrait du film Intouchables d’Olivier Nakache et Eric Toledano

• Luc Ferry extrait de l’ entretien avec Noëlle Bréham en janvier 2017

Programmation musicale

Vianney : je m’en vais

Brigitte : battez-vous

Laura Larling : Soothing

Jeff Buckley : Hallelujah

L'équipe