Fabio et Simon se considèrent comme des féministes. Et pourtant, après avoir dû renoncer à un projet d'adoption puis de co-parentalité, ils ont choisi de recourir à une GPA, aux Etats-Unis. Ils ont enregistré tous les sons de leur premier voyage en Oregon, à la rencontre d'Amber, la femme qui est enceinte de leur fils.
La question des enfants. Elle revient avec celles qui en veulent, celle qui n’en veulent pas, celles qui en veulent mais n’y arrivent pas, celles qui ne savent pas, celles qui en ont et ne s’en sortent pas... Et puis les quelques rares qui ont fait un choix, et qui s’y retrouvent. Il s’avèrent qu’en plus, aujourd’hui, les choix se multiplient, la parentalité peut prendre des formes multiples, les choix sont pour certains plus complexes encore et ils concernent, pour la première fois, les couples d’hommes.
Dans cet épisode de Foule Continentale, on va parler de GPA, de gestation pour autrui, ce qui désigne le fait de demander à une femme de prêter ou louer son ventre, pour neuf mois. Fabio et Simon sont en couple depuis quelques années et ont décidé d’aller aux Etats Unis, pour y avoir recours et devenir parents ensemble.
Ils sont tous les deux historiens, l’un chercheur au CNRS, l’autre maître de conférence dans une université parisienne. Ils ont accepté de témoigner de leur premier voyage là-bas, il y a quelques semaines, pour rencontrer leur mère porteuse.
Le voyage commence, direction Vancouver et après l’Oregon pour rencontrer Amber, qui est rentrée dans son quatrième mois de grossesse. Pour l’instant nous ne nous sommes vus que par webcam, on échange presque tous les jours via WhatsApp et Facebook. On a vu ses enfants, son mari, mais là ce sera la première fois qu'on on va se rencontrer en chair en os, on est très excités, on ne sait pas comment ça va se passer...
Simon et Fabio ont envoyé le lien de cette chanson avec un clip rose bonbon assez drôle et décalé, une chanson absurde mais très addictive et qui aide peut être à comprendre leur démarche :
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"Veux tu être mon gayby ? Moi et ton père on sera ta famille, même s’il faudra un an ou deux pour valider les papiers. On va te nourrir, te loger jusqu’à tes 31 ans, et on t’essuiera le visage pendant que ma mère pleurera des larmes de joie en te voyant et c’est sûr qu’on n'est pas parfaits, et toi tu le verras un jour. Mais chéri, si un jour tu es perdu, seul et triste, sache que ton père et moi, on est passé par là. Et on sera toujours là pour toi."
Avant d'envisager la GPA, Fabio et Simon ont tenté la co-parentalité
La co-parentalité consiste à faire un enfant avec une personne avec laquelle on n’est pas en couple. Il existe des sites spécialisés qui mettent en relation des hommes et des femmes qui veulent construire ce projet. Et puis après y avoir songé, Fabio et Simon ont pris peur : et si la femme tombait amoureuse et partait ? Face à un juge Fabio et Simon seraient toujours en position de faiblesse. Et c’est comme ça que ces deux militants féministes ont fini par choisir la GPA : par élimination.
On a eu beaucoup de doutes, liés à une critique féministe de la GPA. On a lu et entendu des histoires affreuses de GPA dans des pays du Sud, où on n'a aucune garantie de ce qui pousse ces femmes à entrer dans un tel processus. C’est aussi pour ça que nous n’avons même pas envisagé d’avoir une GPA ailleurs qu’au Canada.
En Europe, la situation est très différente d’un pays à un autre. En France, par exemple, la GPA est clairement interdite et la loi de bioéthique qui est en débat en ce moment ne changera rien là-dessus. En Belgique, la situation n’est pas très claire, on peut dire que le recours à une mère porteuse est toléré. Au Royaume Uni, par contre, il est possible de recourir à une GPA “altruiste”, c’est à dire sans que la mère porteuse ne soit payée.
En Ukraine, la pratique est légale depuis des années elle est très peu réglementée et beaucoup moins chère qu’en Amérique du Nord. Il faut compter environ 50 000 à 60 000 euros à Kiev contre 100 000 euros minimum aux Etats-Unis ou au Canada. Fabio et Simon, eux, ont payé 150 000 euros.
Pour choisir la mère porteuse, le couple a fait un book et une lettre de présentation qui ont été diffusés auprès des femmes candidates à porter un enfant. Sur trois propositions de candidates, deux profils ne leur convenaient pas : il s'agissait de femmes qui pratiquaient des GPA en série. Et puis il y a eu Amber. Elle avait déjà trois enfants et elle voulait aider un couple à en faire de même. Fabio et Simon se sont dit que c'était elle.
Après avoir échangé par Skype, ils ont fini par faire le déplacement aux Etats-Unis. Leur première rencontre en chair et en os a eu lieu sur le parking du restaurant où ils ont dîné ensemble. Ils ont découvert une femme toute petite en robe d’été, avec un ventre qui commençait à se dessiner.
On les retrouve à la clinique dans l'Oregon, où ils ont enregistré les sons de la première visite chez la gynécologue avec Amber
Ils découvrent les images de leur enfant dans le ventre de leur mère porteuse américaine, qu’on entendra dans un prochain épisode :
Comme tous les parents on a été super impressionnés de voir se dessiner la forme du bébé, sa tête, la petite tache sombre, le cœur du bébé, l'épine dorsale. A un moment on voit apparaître la main comme si le bébé était en train de nous saluer, on était vraiment aux anges.
Le séjour aux Etats-Unis a été un tournant pour Fabio et Simon. Tout est devenu plus concret. A la fin de l'été, Amber en est à sa vingtième semaine, la grossesse est sur les rails, ils se projettent.
Nous avons eu de la chance, d’arriver à bâtir un contexte qui a transformé une contrainte (ne pas pouvoir adopter ni concevoir nous mêmes) en quelque chose de positif, qui va rester. Ce qui était inconcevable pour moi, c’est qu’on fasse un gosse et que cette femme disparaisse. Nous avons eu la chance de trouver un couple qui vit la GPA comme une opportunité de nouvelle relation, de créer un nouvel espace.
Pour aller plus loin
- PMA, GPA, FIV, DPI… le lexique pour comprendre la loi de bioéthique : par Les Décodeurs du Monde
- Deux ados nées par GPA témoignent pour la première fois : interview à deux voix dans Le Figaro
- Ukraine : le business de la GPA : un numéro de Vox Pop sur ARTE
- Regards croisés sur la GPA : un numéro spécial d'Interception : cinq reportages qui font le point sur la GPA par les rédactions de la RTBF, de la RSR, de Radio Canada, de RFI et de France Inter
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