

Le Kosovo a 11 ans, il y a les séquelles de la guerre, le nationalisme, le chômage. Vullnet veut croire en ce jeune pays indépendant, sans corruption et multi-ethnique. Il a lancé un média d'investigation. Avni a grandi en Suisse et choisi de rentrer vivre au Kosovo. Son amoureuse va se faire tatouer un aigle albanais
Le Kosovo est le plus jeune pays d'Europe. Son drapeau, ses frontières, sa constitution datent de 2008. Avni, Sara, Vullnet et Migjen sont trois jeunes du Kosovo. Qu'ils aient grandi là-bas ou ailleurs, qu'ils parlent serbe ou albanais, ils cherchent à construire leurs vies et à façonner un nouveau pays.
Avni a grandi en Suisse, c’est de là -bas qu’il a observé la guerre du Kosovo. Son père enregistrait tous les journaux télévisés avec la liste de ceux qui étaient morts. A l'âge de choisir, il a préféré rentrer dans son pays natal. Il n'y passait que ses vacances mais il a décidé d'y construire une vie « comme en Suisse ». Au Kosovo, il a rencontré Sara.

Sara est née en 1995, « avant la guerre », précise-t-elle. Quand Avni lui a annoncé qu'il avait quitté la Suisse pour le Kosovo, elle a pensé très fort « quel con ! ». Sara n'a pas eu le choix de ses études. Chez elle, c'est son père qui avait le dernier mot. Pas de sciences politiques mais des études en langue. Aujourd'hui elle souhaite enseigner le français.
Dans la maison familiale, détruite et reconstruite au gré des conflits, le couple affiche fièrement, dès l'entrée, un drapeau rouge, orné d'un l'aigle bicéphale. C'est le drapeau de l'Albanie car tous les deux se considèrent « Albanais du Kosovo » et souhaiteraient que leur pays soient, un jour, rattaché avec le sud albanais.
Avec Migjen (qui écrit des poèmes qu'on peut lire ici en albanais) on traverse le pays jusqu'au sud. Le Kosovo est trois fois plus petit que la Belgique. Un pays avec des mosquées, des cathédrales, beaucoup de stations essence et de lavages pour voitures, des villes à majorité albanaise, d'autres serbes, des panneaux signalétiques dans les deux langues parfois, et barrés au feutre ou à la peinture...

Ensuite, il a donc participé à créer un média d’investigation en ligne, « Insadjeri ». Il fait visiter les bureaux : dans la newsroom il y a sept jeunes journalistes, six filles, un garçon. Aujourd’hui, Vullnet dit en rigolant que leur média est « le troisième du pays, mais premier en impact ». Et c’est vrai que leurs révélations, sur des cas de corruption notamment, ont eu de nombreuses répercutions dans le pays et ont participé à faire tomber des parlementaires corrompus. Dans la guerre des drapeaux, Vullnet a choisi le drapeau bleu et étoilé du Kosovo. Un drapeau tout neuf car il veut croire en l'indépendance de ce jeune état, multi-ethnique.
Vullnet aimerait pouvoir voyager plus facilement. Contrairement aux autres pays de l'ex-Yougoslavie, les Kosovars doivent demander des visas pour circuler en Europe. Mais pour lui, le véritable problème est économique.
Le premier ministre kosovar a récemment dû démissionner. Il est soupçonné de crimes de guerre et convoqué par le tribunal international à la Haye. De nouvelles élections sont prévues début octobre. Pour la première fois, Migjen avec qui on était en voiture, m’écrit pour me dire qu’il est optimiste. Vullnet lui, ne sait plus ce qui est une bonne ou une mauvaise nouvelle. "ll faut que ce pays arrive d’abord à se comprendre" écrit-il.




Pour aller plus loin
- Une série d'articles de Slate, parue en 2018, sur la jeunesse au Kosovo.
- " Kosovo youngesters" : une série d'ARTE sur le même sujet.
- La Page Facebook de Foule Continentale.
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- FOUKI > "Positif"
- BLACK PUMAS > "Colors"
- JEANNE ADDED > "Both sides"
Dessins
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