PAR EFFRACTION - Chez McDonald's

PAR EFFRACTION #3 - Chez McDonald's
PAR EFFRACTION #3 - Chez McDonald's - Claire Braud
PAR EFFRACTION #3 - Chez McDonald's - Claire Braud
PAR EFFRACTION #3 - Chez McDonald's - Claire Braud
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Ce mois-ci, pour le troisième numéro du hors-série PAR EFFRACTION, Lucas Chancel, économiste, codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales à l’École d’économie de Paris, nous invite à partager un McMorning matinal, pour décrypter les enjeux de la fiscalité des multinationales.

Avec
  • Lucas Chancel Co-directeur du Laboratoire sur les inégalités mondiales à l’Ecole d’économie de Paris, chercheur senior à l’IDDRI (Institut du Développement Durable et des Relations Internationales) et enseignant en économie à Sciences-Po Paris

Une fois par mois, dans le hors-série PAR EFFRACTION de Foule continentale, Caroline Gillet et un·e acolyte se donnent comme défi d’entrer dans le ventre d'une institution internationale pour comprendre comment y fonctionne la tuyauterie. L'idée est d'admettre qu’il se passe des choses importantes dans tous ces bureaux, où l’on opère à l’échelle supranationale, et que c’est un enjeu citoyen que de tenter de comprendre les rouages. 

Pour la troisième édition de ce hors-série, après un numéro dédié aux questions européennes avec Ludovic Lamant et un autre consacré aux cultures et aux économies numériques, avec Claire Richard, c'est sur le monde de la finance et de la fiscalité que se penche Foule continentale, grâce aux éclairages d'un nouveau complice : Lucas Chancel

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Une brève histoire de l'impôt

Lucas Chancel est économiste, spécialiste des inégalités et de l'environnement. Il est codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales et chercheur associé à l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) et enseignant à Sciences-Po. 

Au sommaire de cette émission : une petite histoire de l’impôt, comment et pourquoi il existe, une tentative d'effraction presque aussi réussie que dans les deux premières éditions de ce format mensuel, la question de la marge de manœuvre possible pour les citoyen·ne·s

Avant de s'intéresser à la question de l'évasion fiscale et du pourquoi et comment les multinationales parviennent à payer moins d'impôts que ce qu'elles devraient théoriquement payer, il convient en effet de revenir sur l'idée même d'impôt. L’impôt est une invention multimillénaire mais c’est vraiment au vingtième siècle que les choses s'emballent. Au début de ce siècle, en effet, les pays industrialisés prélevaient en moyenne, tous impôts confondus, 5 % de leur PIB à leurs habitant·e·s. Aujourd’hui, en France, on estime que les impôts correspondent à peu près à 50 % du revenu national. C'est 30 % aux États-Unis. C'est cet argent qui permet à ces pays leur système de santé ou d’éducation et qui différencie vraiment les pays riches des pays pauvres, où l’impôt demeure aujourd’hui autour de 5 % du revenu.

Ça se passe comme ça, chez les multinationales

L'impôt sur les sociétés n'est pas le plus important en taille, mais il garantit la viabilité de tous les autres impôts.  On taxe les entreprises sur leurs bénéfices, c'est-à-dire sur la différence entre leur chiffre d'affaires (les ventes) et leurs coûts. L’impôt sur les sociétés est inventé au début du XXème siècle quand l’impôt décolle dans les pays riches et quand l’impôt que l’on connaît le mieux, l’impôt sur le revenu, est introduit en France, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni pour financer la Première Guerre mondiale, puis les services sociaux. L’impôt sur les sociétés, alors, est vu comme nécessaire par les créateurs de l’impôt moderne. Pourquoi ? Parce que sans lui, les riches chefs d'entreprise pourraient tricher : garder tous les profits de leurs sociétés dans les coffres de l'entreprise et ne pas se verser de salaire. Les bénéfices de l'entreprise auraient alors été utilisés pour qu'ils se paient de juteuses notes de frais, financer un train de vie élevé, tout en faisant grandir la valeur de l’entreprise. Lucas Chancel précise :

Sans impôt sur les sociétés, donc, les plus riches qui détiennent les entreprises pourraient complètement échapper à l’impôt. C’est cette logique qui sous-tend l’introduction de l’impôt sur les sociétés.

Seulement, à l'ère du capitalisme néo-libéral, les entreprises multinationales, parmi lesquelles on trouve l'enseigne de fast-food citée en titre de cette émission, ont trouvé quelques astuces et montages pour réduire le plus possible le montant de cet impôt, en toute légalité, ou presque.

Pour aller plus loin

(ré)écouter Le Triomphe de l’injustice d'E. Saez et G. Zuckman et Deals de Justice d'A. Garapon et P. Servan Schreiber dans Avis critique sur France Culture

La programmation musicale du jour

Gabriels, "Love And Hate In A Different Time", 2020

PAR EFFRACTION, un hors-série mensuel de l'émission 'Foule continentale'
PAR EFFRACTION, un hors-série mensuel de l'émission 'Foule continentale'
- Claire Braud

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