Pour ce nouveau hors-série PAR EFFRACTION, Caroline Gillet, accompagnée de Claire Richard, son acolyte spécialisée dans les cultures et les enjeux numériques, tente de pénétrer dans un centre de données hautement sécurisé, lieu stratégique du monde de l'Internet. Que s'y passe-t-il ? Est-ce un lieu de pouvoir ?
- Claire Richard Écrivaine
Au XXIème siècle, les data centers sont à la fois invisibles et incontournables, comme les gares étaient les infrastructures centrales au XIXème siècle et les aéroports au XXème siècle. Ces lieux stockent nos données et en produisent de nouvelles (comme l’adresse IP des ordinateurs, le temps moyen de visionnage, les sites visités, etc). Sans eux, il n'y aurait ni courriel, ni tutoriels sur YouTube, ni vidéos partagées sur TikTok... Claire Richard, journaliste spécialiste du numérique, propose à Caroline Gillet pour Foule continentale une visite dans cette mystérieuse infrastructure du numérique.
Un data center est un bâtiment qui abrite des serveurs, énormément de serveurs, sur lesquels sont hébergées les données que produisent en continu les vies numériques. Pour pouvoir écouter cette émission en écoute à la demande ou en podcast sur Internet, les auditrices et les auditeurs ont besoin d’accéder à des données stockées sur les serveurs de Radio France. Mais sait-on seulement où ces données se trouvent ?
Internet à la Courneuve
C’est là une caractéristique de l'univers numérique : les données sont partout mais il est difficile de les situer. Parce que le lieu physique de leur stockage dépend de l’entreprise à qui on les confie. En France, les sites Internet sont obligés de faire figurer l’adresse de leur hébergeur mais d'autres entreprises ne précisent pas l'emplacement où sont stockées ces données. Aujourd’hui, il y a en Europe près de 2500 data centers, dont 429 au Royaume Uni, 428 en Allemagne, 252 en France, 251 aux Pays-Bas et une cinquantaine en Irlande.
Pourquoi leur emplacement importe ? Parce que, selon l'entreprise à laquelle ces données appartiennent et le territoire où elles sont stockées, la législation qui les encadre n'est pas la même. La grande chance pour Caroline Gillet et Claire Richard, c’est qu' Interxion, l’entreprise qui construit le Digital Park à la Courneuve, veut être un modèle face aux critiques qu'essuient les data centers, notamment sur les plans écologique et social.
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Des données gourmandes en énergie
Selon certaines estimations, le nombre de données produites aura augmenté de 530 % d’ici 2025. Leur exploitation est la source de richesse des grandes firmes du numérique, notamment des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), mais aussi la base du modèle économique de la majeure partie des startups, qu'elles soient destinées à répertorier les données d’utilisation de leurs services, vendre des emplacements publicitaires à des annonceurs, développer leurs propres services, voire revendre ces données à des services tiers.
L'autre soucis, c'est que les data centers sont très énergivores. L'énergie est utilisée principalement pour refroidir leurs serveurs pour éviter qu’ils ne surchauffent et tombent en panne ou prennent feu. Selon l’agence française ADEME, l'agence de la transition écologique, les data centers représentent 3 % de la consommation énergétique française, soit environ autant que la SNCF. Dans le monde, ce serait entre 2 et 5 % de l’énergie mondiale, un chiffre qui pourrait grimper à 13 % de l’énergie mondiale en 2030. Ce pourcentage devrait, en tout cas, s’accroître avec le déploiement de la 5G et de l’Internet des objets, les objets connectés échangeant constamment des données avec des serveurs.
Visite guidée sous haute surveillance
Localement, on observe également de fortes résistances à l'implantation de ces lieux : occupation démesurée de l'espace, nuisances sonores, mise en tension des réseaux électriques locaux — un grand data center peut consommer à peu près l’énergie d’une ville de 50 000 habitants. Pour des lieux qui créent très peu d’emplois, car leur fonctionnement est largement automatisé.
Ecologie, emploi, nuisances... Caroline Gillet et Claire Richard apportent quelques questions avec elles sur le chantier du prochain géant data center de l'Île-de-France. Pour leur répondre, Fabrice Coquio, président d'Interxion France SAS.
Quelques images du Data Center
Pour aller plus loin
- Un reportage d'Arte Vox Pop : Faut-il limiter le nombre des data centers ?
- Un article du Monde sur les réglementations européennes
- Une analyse du Digital Market Act par une économiste spécialisée sur ces questions
- Un rapport de l'Ademe, agence pour la transition écologique, sur l'impact énergétique et spatial des data centers
La programmation musicale du jour
The Avalanches (feat. MGMT), "The Divine Chord", 2020
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