Myriam Ackermann-Sommer et son mari Émile sont pionniers en France du courant juif orthodoxe moderne, populaire aux États-Unis. Ils se forment à distance pour devenir rabbins. Myriam sera la première femme rabbin orthodoxe de France. Rencontre à Paris, dans le Airbnb qu'ils ont transformé en centre d'études juives 2.0.
Dans cet épisode de Foule Continentale, il va être question de communauté, mais pas de séparatisme. Il s'agit de se demander qui est nécessaire à nos vies. Dans nos maisons ou dans nos immeubles, sur quelles entités se replie t-on ? Les amis, la famille, le quartier ? Un parti politique, une association ou une communauté religieuse ? Dans un des premiers épisodes de cette troisième saison, Caroline Gillet avait rencontré des religieuses, en Ardèche, qui racontaient comment elles étaient parvenues, à la petite vingtaine, à l’idée que leur place était dans une communauté catholique.
Une synagogue en forme d'appartement Airbnb
Ici, il s'agit de poursuivre cette réflexion en rencontrant des jeunes issus d’autres communautés religieuses. On va dresser ici le portrait de deux jeunes aspirants rabbins. Comme ils le disent eux-mêmes, ce sera un "two rabbi show". Myriam et Émile Ackermann-Sommer ont 24 ans. Il et elle ont créé ensemble une sorte de synagogue dans un appartement du quartier de Bastille à Paris, loué sur Airbnb. Leur centre d'étude est ainsi au rez-de-chaussée d’un immeuble, là où devait être à une époque un local commercial ou une loge de concierge.
Émile et Myriam se sont marié·e·s en 2017, à l'âge de 20 ans tout pile. Parmi les choses qui les rassemblent, il y a l’envie de faire émerger en France le courant "modern-orthodox" du judaïsme, très populaire aux États-Unis. Ils ont créé une communauté d’études juives qui leur ressemble, à la fois orthodoxe et progressiste. Ils l’ont appelée Ayeka.
Première femme rabbin orthodoxe de France
Myriam et Émile étudient tou·te·s les deux pour être ordonnés rabbins. En 2022, Myriam sera donc la première femme rabbin orthodoxe de France. Elle souhaite se faire appeler "rabbanite", un terme utilisé pour désigner traditionnellement la femme du rabbin, mais auquel elle veut donner un sens nouveau. Certains ou certaines diront qu’il y a déjà la femme rabbin Delphine Horvilleur, que l’on entend régulièrement dans les médias et les débats publics, mais cette dernière appartient au courant libéral du judaïsme, appelé aussi judaïsme réformé, qui, si l'on ose dire, prend quelques libertés avec la Loi juive, contrairement au courant orthodoxe, duquel se revendiquent Myriam et Emile.
Ce courant orthodoxe repose notamment sur la prière, l’étude et le respect de la Loi juive qui est incarné dans l'Hexagone par le Consistoire israélite de France. Le problème c’est que cette institution réserve aux femmes une place de seconde zone. Il n’existe tout simplement pas en France de séminaire rabbinique orthodoxe ouvert aux femmes. Alors pour pouvoir devenir rabbin tout en restant fidèle à leurs valeurs, Myriam et Emile sont partis étudier aux USA. En raison de la pandémie de Covid-19, leurs cours se font désormais à distance.
Orthodoxes et modernes
Sur le site Internet de leur communauté, Ayeka, il est expliqué que "l’orthodoxie moderne est une vision du judaïsme cherchant à allier les valeurs de l’orthodoxie juive avec certaines valeurs du monde contemporain". Dans un article paru dans le quotidien La Croix à l'été 2020, il est précisé que "cette sensibilité revendique l’intensité de la pratique de l’orthodoxie classique tout en accordant une place plus grande pour les femmes et la communauté juive LGBT".
En attendant d'être ordonné·e·s rabbin et rabbanite, et en raison de la crise sanitaire, Myriam et Émile profitent de leur appartement, transformé en studio, pour diffuser leurs idées et leur vision du judaïsme sur les réseaux sociaux. Ils font des Facebook lives pour proposer des lectures des textes avec un œil contemporain, réalisent des podcasts, font des vidéos sur YouTube pour parler des sujets de société sous le prisme de leur religion et organisent même des blind-tests en ligne. Car en plus d’être professeure agrégée à la Sorbonne, en plus d’être étudiante aux États-Unis, Myriam chante et joue de la flûte traversière
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La programmation musicale du jour
Liam Bailey, "White Light", 2020
Pour aller plus loin
En savoir plus sur Ayeka, le cercle d'étude fondé par Myriam et Émile, via :
Découvrir un portrait de Myriam et Émile paru dans le quotidien La Croix
Le verbatim par Claire Braud
Bonus : le photoreportage de Caroline Gillet dans l'appartement d'Ayeka
L'équipe
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- Emma ChaillouxAutre
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