

Cécile Marchand, 25 ans, militante pour le climat avec Alternatiba et les Amis de la Terre, a choisi la désobéissance civile pour alerter sur l’inaction climatique de nos gouvernements. Pendant six mois, Caroline Gillet l'a suivie dans ses actions, la préparation de celles-ci et leurs répercussions face à la justice.
Cécile Marchand (Militante climat avec Alternatiba et Les Amis de la Terre).
À tout juste 25 ans, Cécile Marchand se retrouve seule à devoir prendre la parole au Palais de justice de l'île de la Cité. La salle est immense, les juges et le public très attentifs. Quand elle commence à s'exprimer, sa voix ne tremble pas. Son discours est net, précis, clair. Pourtant, il s'agit de son procès en appel. Ce jour-là, c'est elle qui est jugée. Elle est accusée d'avoir participé au décrochage du portrait du Président Emmanuel Macron dans des mairies en février 2019 pour protester contre l'inaction du gouvernement face à l'urgence climatique. Lors de son procès en première instance, Cécile et ses camarades de lutte avaient été condamné·e·s chacun·e à payer une amende de 500 euros.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Individuellement, c’est très bizarre de se retrouver face à la justice. C’est hyper intimidant d’être face à des juges, dans des lieux qui sont gigantesques, d’être à la barre… Là, on se rend compte que c’est vraiment notre personne en tant que telle qu’on met en jeu. Et en même temps, c’est un moment où l'on a l’occasion d’expliquer pourquoi on en arrive à braver la loi.
Publicité
Si Cécile ne flanche pas, c'est parce que, symboliquement, elle porte tous les espoirs et toutes les convictions des autres militant·e·s écologistes sur ses épaules. Ce procès est un combat, une nouvelle occasion de parler du désastre climatique. Il ne faut pas faiblir, surtout pas. Pour Cécile et les activistes venu·e·s la soutenir avec des banderoles, la désobéissance civile est la solution pour faire entendre leur lutte et peut-être faire avancer les choses.
Une désobéissance militante
La désobéissance civile, Cécile connaît. Fervente militante écologiste depuis le milieu des années 2010, bénévole pour l'association Alternatiba, elle travaille également pour les Amis de la Terre. Place de la République, à Paris, là où elle s'est rendue avec Caroline Gillet, elle raconte ses souvenirs de jeune militante. C'est notamment là, en 2015, alors qu'elle a 19 ans, qu'elle se retrouve à discourir devant plus de vingt mille personnes.
Place de la République, c'est un peu là que je me suis formée politiquement, en dehors de mes études, c'est là que mon cœur vibrait.
Cette même année 2015, Cécile commence à "désobéir", une pratique qui ne la quittera plus et dont les formes sont multiples : "voler" les chaises dans une banque et n'accepter de les rendre que lorsque sera rendu l'argent "caché" dans les paradis fiscaux, décrocher les portraits du Président de la République pour laisser les murs aussi vides que sa politique en termes de lutte contre le réchauffement climatique, se déguiser en éponge pour nettoyer une agence de la Société générale et, ainsi, la laver de toutes les énergies "sales" que ses investissements financent, amener des bébés et installer une crèche dans une agence BNP Paribas pour signaler que ce sont les générations futures qui souffriront le plus du désastre climatique, etc. Ces actions peuvent sembler anodines, mais elles ont une grande portée symbolique.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
La Base
La Base, à Paris, c'est le quartier général de dix associations environnementales. C'est là où les militant·e·s se réunissent et là où ils et elles s'organisent. Cécile et Élodie, une autre militante, font visiter La Base à Caroline. C'est un endroit chaleureux où l'on boit des bières tout en préparant les prochaines actions. Elles racontent avoir déjà passé une nuit à travailler jusqu'à deux heures du matin. Le groupe venait de frapper un grand coup : envahir le tarmac de Roissy-Charles de Gaulle pour lutter contre le projet d'extension de l'aéroport. À sept, au premier étage de La Base, ils et elles se sont mobilisé·e·s pour alerter la presse et suivre la sortie de garde à vue de quatre-vingts militant·e·s.
Cette nuit-là, on était sept, on avait des bières et on avait la sensation d'avoir réussi une action incroyable, d'avoir frappé un grand coup... Faire entrer quatre-vingts activistes sur le tarmac de Roissy, ce n'est pas rien.
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Le jour où Caroline Gillet se rend à la base, elle tombe, au rez-de-chaussée, sur un spectacle surprenant. Des raffineurs de chez Total, en bleu de travail, assistent à une formation à la désobéissance civile. Les ouvriers en grève de la raffinerie de Grandpuits, en Seine-et-Marne et des militant·e·s écologistes se sont allié·e·s pour mener une action contre le géant pétrolier qui compte supprimer sept cents emplois. Quelques heures plus tard, ils et elles seront dans le quartier d'affaires de La Défense, près de Paris, au pied de la tour Total, dans la cohue et les fumigènes.
Il faudrait construire un rapport de force pour sauver les emplois qui sont menacés. Pouvoir construire un projet alternatif à celui de Total à partir des idées des travailleurs.
En voir plus





Pour aller plus loin
Du lundi 26 au jeudi 29 avril, retrouver Cécile, les raffineurs et les activistes écologistes dans Le Reportage de la Terre au carré
- Épisode 1 : Les débuts de la désobéissance
- Épisode 2 : Militer et se retrouver au tribunal
- Épisode 3 : Une action sur le tarmac de Roissy
- Épisode 4 : Alliances inédites face à Total
Du côté de Cécile et des militant·e·s :
- Le témoignage de Cécile
- Une vidéo de Médiapart dans laquelle Cécile s’exprime
- Un film d'Arte sur la désobéissance dans lequel on entend Elodie Nace
- Les Amis de la Terre
- Alternatiba Paris
- La chaîne YouTube de Action Non-Violente COP21
- Le prochain événement Climat organisé par des associations engagées pour l'environnement
Quelques informations sur les actions menées par Cécile et la désobéissance civile :
- Une tribune publiée par Libération sur la désobéissance civile
- Un article de La Voix du Nord sur le procès de Cécile
- Un article du Figaro qui parle des un an de décrochages de portraits de Macron
- Un article de RTL sur le blocage du tarmac de Roissy
- Un article des Jours sur l'alliance des raffineurs et des écolos
- Un article du Parisien qui explique pourquoi les raffineurs de Total s'opposent à leur employeur
D'autres lien vers des actions menées par les militant·e·s :
La programmation musicale du jour
Valerie June, "Call me a fool", 2021
Foule Continentale continue sur les réseaux
Retrouver Foule Continentale sur Facebook et Instagram avec le mot-dièse #foulecontinentale et le compte de Caroline Gillet
L'équipe

