

Robert Arnaut a été l'une des voix les plus remarquables de France Inter et l'un des grands conteurs de la radio. "Chroniques sauvages" c’était tous les samedis de 15h à 16h de 1985 à 1996.
Paris 22 septembre 1925. Sur un quai de la gare Saint-Lazare, un homme attend. C'est André Daven, le secrétaire général du théâtre des Champs Elysées. Il est nerveux.
Le train du Havre entre en gare. La portière d'un wagon s'est ouverte et sur le quai se répand un petit monde bruyant, riant. Une troupe multicolore, extravagante, portant des vêtements insensés. Des chemises rouges, vertes, des souliers jaunes. Des chapeaux avec des coquelicots qui surplombent 30 visages d'ébène. Trente paires d'yeux étonnés. C'est la troupe américaine de la Revue Nègre.
Une adolescente au teint cuivré, souple, électrique, portant une salopette noire et blanche se détache du groupe. Les bras tendus, elle fonce sur André Daven, qu'elle ne connaît pas, lui saute au cou et s'écrie de sa voix d'oiseau :
Alors ça c'est Paris !
Robert Arnaut révèle ici ses talents de conteur, il raconte l'arrivée de Joséphine Baker dans la fameuse Revue Nègre, venue d'outre-Atlantique pour bouleverser le Paris de 1925.
Portrait magnifique d'une femme hors-normes, cette Chronique Sauvage de Robert Arnaut nous offre un récit haletant et savoureux, et, en prime, la voix chantée et parlée de Joséphine Baker, ainsi qu'une interview de l'affichiste Paul Colin, dont le talent servit à merveille les premiers éclats de la danseuse.
La Revue Nègre
En 1925, au musée des Arts Décoratifs, l’exposition d’Art nègre attire l’œil de certains artistes parisiens, dont le peintre cubiste Fernand léger.
Son directeur artistique, André Daven, ami du peintre, choisit alors de présenter Les Blackbirds et les danseurs de la Revue nègre, venus d’outre-Atlantique et qui ne laisseront personne indifférent.
Le graphiste, Paul Colin, élève d'Eugène Vallin et de Victor Prouvé, suit de très près les répétitions. La présence de l’éblouissante Joséphine l’inspire infiniment et il contribue, par le succès de ses affiches du spectacle, à lancer la carrière de la jeune danseuse.

Après la Première Guerre mondiale, Paul Colin deviendra le chef de l'École moderne de l'affiche lithographiée. Il aura imaginé avec talent plus de 1 400 affiches, de décors de théâtre et de costumes, en quarante années de création pour les arts de la scène et le monde du spectacle.
Si certaines critiques de l’époque expriment le refus d’un choc culturel, Joséphine Baker a ses fans. Parmi eux, de nombreux artistes, tels Fernand Léger, Kees Van Dongen, Le Corbusier, Colette, Jean Cocteau, Pablo Picasso ou encore René Crevel.
Par sa liberté de ton et d’allure, son indépendance d’esprit, sa personnalité hors-normes, son succès lié à cette présence explosant tous les codes, le phénomène Joséphine Baker devient l’emblème des Années folles et marquera l’apogée de la "mode nègre" en art.
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