Partout dans le monde, les côtes reculent. A raison de quelques millimètres par an ou parfois de dizaines de mètres, le grignotage du littoral nous oblige à nous adapter.
On a tous en tête le Signal... cet immeuble à Soulac en Gironde, qui sera bientôt avalé par l'océan. Quand il a été construit dans les années 70, les habitants avaient une vue imprenable sur la mer. Ils ont aujourd'hui les pieds dans l'eau . Il leu a fallu quitter l'immeuble. Les très fortes tempétes qu'a connu l'Aquitaine ces dernières années ont accéléré considérablement le recul de la plage.
Retrait de côte au centimètre près
Désormais, au centimètre près, les géologues du BRGM suivent l'évolution du trait de côte.... que la côte soit sableuse ou rocheuse. Le tiers du littoral recule. Parfois d'un mm par an en moyenne, comme en PACA, parfois de 15 à 20 cm par an comme en Normandie et jusqu'à deux mètres et demi en Aquitaine. Ce sont des moyennes. Localement, il y a de grosses différences. Des différences aussi suivant qu'on a du sable ou des falaises. La dynamique de la houle, des vagues et la montée des eaux n'a pas le même impact partout.
Deux phénomènes en cause
D'abord la montée des océans due au réchauffement climatique. Il y a 10 000 ans, la côte Aquitaine était 200 km plus à l'ouest... A raison de 3 mm/an depuis le début de l'époque industrielle, les experts du climat disent que dans 80 ans , la mer aura monté de 30 cm en moyenne.... Les atolls engloutis, les côtes submergées, le territoire rétréci...on sait tout ça... Deuxième phénomène: la fin des recharges.
S'il y a du sable sur les littoraux, c'est parce qu'à la suite de la dernière glaciation, il y a 10 000 ans, les fleuves en creusant leur lit ont charrié vers la mer beaucoup de sédiments. Cela a permis de constituer le stock sur lequel nous vivons depuis. Mais ce stock arrive à sa fin. Plus d'approvisionnement, c'est logiquement moins de sable. L'érosion peut donc jouer à plein.
Lente mais continue, l'érosion est inexorable
Pour les falaises, c'est différent. Sur des centaines, des milliers d'années, la roche est agressée par la mer et si un épisode un peu violent survient, la fragilisation silencieuse s'achève en chute brutale: des blocs se détachent d'un coup. Quelques centaines de mètres cubes en méditerranée, plusieurs milliers en Normandie. Dans les deux scénarios, il y a risque pour les habitations ou les bâtiments.
L'immeuble le Signal est emblématique. Mais ailleurs, les élus connaissent d'autres situations d'autant qu'ils ont maintenant l'expertise scientifique en main. Avec s'il y a risque de submersion ou d'éboulement, on évacue tout le monde? Oui mais qui paie pour le relogement puisque c'est la nature la responsable ? Quand on est à Lacanau où le foncier s'envole , on fait quoi? Et si on n'a pas de terrain disponible pour reloger le camping ou la base nautique?
La situation est d'autant plus délicate que les habitants ont parfois une perception faussée du risque et même une responsabilité ignorée: l'arrosage des jardins et la vidange des piscines contribuent à fragiliser le littoral....
Les populations sous estiment le risque
La dernière étude du BRGM en PACA , outre qu'elle visait à mesurer précisément l'état de la côte, a impliqué des sociologues. Résultat: si les habitants sont conscients du risque d'éboulement, plus de la moitié ne croient pas que toute leur maison pourrait partir à la mer. Surtout, ils pensent majoritairement que la technique triomphera pour repousser la mer. Les élus semblent plus réalistes...
On peut toujours planter de la végétation, mettre des défenses pour préserver les dunes, enrocher les bords de mer pour casser la force des vagues, l'océan gagnera toujours. le pansement a un coût. Autant prévenir et se préparer tant qu'il en est encore temps.
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