Le Président des États-Unis a violemment attaqué Téhéran hier, et préside aujourd’hui une réunion spéciale du Conseil de Sécurité. Mais ses alliés ne le suivent pas.
Une drôle de scène va se dérouler aujourd’hui dans la salle du Conseil de sécurité des Nations Unies, à New York. Donald Trump va s’asseoir dans le fauteuil du Président de séance, et distribuer la parole aux représentants des quatorze autres membres de cette instance mondiale, parmi lesquels Emmanuel Macron et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov. Il y aura même un responsable iranien pour répondre aux attaques du Président des États-Unis.
Donald Trump a voulu profiter de la présidence tournante du Conseil de sécurité, qui tombe ce mois-ci sur son pays, pour prendre la posture de maître du monde, au moins pour quelques heures. Histoire de faire oublier les rires qui ont accompagné son discours d’hier devant l’Assemblée générale, ainsi que le psychodrame politico-sexuel en cours à Washington. A six semaines des élections de mi-mandat, ça ne peut pas faire de mal.
Donald Trump souhaitait que la session porte exclusivement sur l’Iran. Mais il en a été dissuadé, et elle été élargie au thème plus consensuel de la prolifération nucléaire et chimique.
Mais c’est évidemment l’Iran qui sera au centre du débat, et dans la tête du Président américain, comme l’a montré son violent discours d’hier.
Après avoir retiré les États-Unis de l’accord nucléaire et réimposé des sanctions contre ce pays, il poursuit son offensive contre Téhéran.
Le problème est que c’est lui qui est relativement isolé sur ce sujet. Lundi, les autres signataires de l’accord nucléaire -la France, l’Allemagne, le Royaume Uni, la Chine et la Russie-, se sont rencontrés à New York et ont décidé d’établir un système de troc fondé sur les exportations de pétrole, pour pouvoir continuer à échanger avec l’Iran malgré les sanctions américaines qui interdisent les transactions en dollars.
C’est sans précédent que des alliés des États-Unis défient de la sorte un diktat américain.
Non sans raisons, les dirigeants iraniens sont persuadés que l’administration américaine veut la chute du régime de Téhéran. Ils en veulent pour preuve l’attentat qui a fait samedi dernier 24 morts dans la ville d’Ahwaz. Téhéran accuse les terroristes d’être soutenus et financés par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, et in fine par les Américains.
L’entourage de Donald Trump compte des adversaires farouches de Téhéran, comme son Conseiller à la sécurité John Bolton ou son avocat Rudy Giuliani, qui ne se cachent pas de vouloir la chute des mollahs.
Mais à New York, Donald Trump aura du mal à rallier à cette cause les autres membres du Conseil, comme l’a déjà montré le discours d’Emmanuel Macron hier, prenant le contrepied du Président américain sur l’Iran comme sur son unilatéralisme.
Quelle que soit leur opposition à la théocratie de Téhéran, ils ne sont pas nombreux à penser que le monde aurait à gagner d’un renversement de ce régime de l’extérieur. Les leçons de l’Irak ou de la Libye sont passées par là, sauf auprès de Donald Trump et de son entourage.
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