

Les négociations avec la Corée du Nord ressemblent toujours aux montagnes russes qu'affectionne par ailleurs Kim Jong Un. Les dernières propositions américaines n'y changeront rien.
On l'avait presque oublié, mais entre le nord de la Péninsule coréenne, Pékin et Washington... Et même un peu Moscou, se joue une partie de « go » - c'est-à-dire une partie interminable d'encerclement, de retrait, et de petits pas – décisive.
Je vais vous résumer les épisodes précédents, histoire de vous montrer à quel point rien n'avance ! Il y a d'abord eu les insultes, type « rocket man », 'fou » ou « petit gros » côté américain et « gâteux mentalement dérangé » côté dictateur joufflu coréen.
Ensuite il y a eu le sommet de Singapour dont on pourrait résumer les résultats en un titre shakespearien : « beaucoup de bruits pour rien ». Depuis, ça négocie : les Nord-Coréens démantèlent un site d'essai nucléaire inutilisable, un pas de tir de missile.
Puis les Nord-Coréens insultent Mike Pompeo, le ministre américain des Affaires étrangères, en le traitant de « gangster aviné », puis le rattrapent par la manche, puis reprennent les travaux d'une installation nucléaire, puis les interrompent...
Américains et Nord-Coréens jouent au « stop ou encore »
C'est leur technique de négociations et depuis des décennies. A l'époque de Clinton, ils procédaient de la même façon : ils faisaient capoter des négociations qui avaient duré 48h non-stop avant de rattraper les américains juste avant qu'ils ne prennent l'avion.
Donc face à un tel tourbillon, l'équipe Trump a un plan : exiger que la Corée du Nord remette 60 à 70% de son arsenal nucléaire et en échange, levée partielle des sanctions et peut être retrait de la liste des Etats sponsors du terrorisme. Pour commencer.
Le problème avec ce plan, c'est qu'il est trop malin et surtout qu'il donne trop peu – aux yeux des Nord-Coréens bien sûr. Pourquoi trop malin ? Parce que jusqu'à présent, les Nord-Coréens ont toujours refusé de dire combien ils avaient de bombes.
Certains doutent même sérieusement qu'ils aient la bombe tout court. Entendons-nous bien : une chose est de déclencher une explosion nucléaire sous terre, une autre très différente est d'avoir une bombe manufacturée, miniaturisée, prête à l'emploi.
En exigeant 60 à 70% de leurs bombes, les Nord-Coréens seraient obligés d'en donner le nombre et la qualité...
Ensuite, parce que les Américains donnent trop peu en échange : la Corée du Nord vit sous le régime de ces sanctions depuis des décennies, et se fiche d'être inclus dans une liste officielle des Etats-Unis : ils veulent des assurances de sécurité et de l'argent.
Par ailleurs, ce que veut Kim Jong Un – qui est au moins aussi vaniteux que son homologue américain – c'est voyager en paix, être reçu par Emmanuel Macron sur les Champs Elysées, visiter la Maison Blanche : bref être pris au sérieux et reconnu.
On en est encore loin ! Et le problème est là : d'un côté, vous avez une longue tradition coréenne diplomatique et de négociation qui mêle coup de théâtre, insultes et concessions ; de l'autre vous avez Trump qui déteste rien tant que le temps qui passe.
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