C’est une tension, une tension nucléaire, qui devient alarmante. Les faits d’abord. Après de longs jours d’escalade verbale, la Corée du Nord a fermé, hier, le site de Kaesong, cette zone franche installée sur son territoire où plus de 50 000 de ses ressortissants travaillent pour des entreprises sud-coréennes. Le régime de Pyongyang n’aurait su mieux dire que « l’état de guerre » avec la Corée du Sud qu’il avait proclamé le week-end dernier ne relevait pas que de la rhétorique car ce site lui rapporte l’équivalent d’un milliards et demi d’euros par an et nourrit quelques 300 000 personnes dans ce pays démuni de tout.
Le régime nord-coréen a ainsi signifié au monde qu’il s’engageait vraiment dans un bras de fer avec les Sud-Coréens et, donc, leurs alliés américains mais ce n’est pas tout. La veille, mardi, la Corée du Nord avait annoncé qu’elle remettait en marche toutes ses installation nucléaires, à la fois, a-t-elle précisé, pour ses besoins en électricité et pour une utilisation miliaire. La menace était absolument claire puisque ce pays vient de procéder, le 12 février dernier, à son troisième essai nucléaire en six ans, dispose de missiles pouvant frapper la Corée du Sud, le Japon et les bases asiatiques des Etats-Unis et s’emploie à les équiper de têtes nucléaires.
Sans doute n’en est-elle pas encore capable mais, outre que personne ne saurait en jurer, la Corée du Nord a des capacités militaires qui ne sont en rien négligeables, peut doter ses missiles d’armes de destruction massive, chimiques ou autres, et la réaction des Etats-Unis que Pyongyang avait menacé d’une « frappe nucléaires » sur leur sol ne s’est en conséquence pas fait attendre.
Après avoir traité les gesticulations nord-coréennes avec beaucoup de distance et même d’ironie, ils ont annoncé hier qu’ils allaient déployer un système de missiles antibalistiques sur leur île de Guam, dans le Pacifique, où ils entretiennent une importante base. Le ton a soudain changé à Washington. « Les Etats-Unis restent vigilants et se tiennent prêts à défendre le territoire américain, nos alliés et nos intérêts nationaux », y a déclaré un porte-parole du Pentagone tandis que le secrétaire à la Défense lui-même, Chuck Hagel, a estimé que « certaines actions entreprises par Pyongyang présentaient un danger clair et réel » pour le Japon, la Corée du Sud et les Etats-Unis eux-mêmes.
L’escalade répond à l’escalade et, quelques heures seulement après cette annonce, l’armée nord-coréenne ripostait en déclarant qu’avait été « définitivement ratifiée une impitoyable opération » contre les Etats-Unis pouvant impliquer « une frappe nucléaire diversifiée ». Il n’y avait là qu’un mot de neuf, « ratification », mais il fait peur. Voilà pour les faits. Ils sont si graves que la Chine, seul véritable allié de ce régime, exprime sa « vive préoccupation » mais à quoi joue la Corée du Nord ?
La réponse est que personne ne le sait. Le seule certitude est que cette dictature stalino-monarchique a un nouveau président de 30 ans seulement dont le seul mérite est d’être le troisième de sa lignée. Tout laisse penser que ce garçon veut s’affirmer, qu’il ne joue des muscles que pour montrer qu’il en aurait, mais le problème et que c’est ainsi qu’ont commencé plus d’une guerre.
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