Amérique et Russie main dans la main...

France Inter
Publicité

Il n’est pas complètement impossible que cette fois-ci soit la bonne et que les armes se taisent vraiment en Syrie. Il y a des raisons d’y croire car cette proposition de cessez-le-feu devant intervenir dans la nuit de vendredi à samedi prochains a été avancée par un communiqué commun des Etats-Unis et de la Fédération de Russie qui y travaillaient depuis déjà plusieurs jours. Les Américains ont des moyens de pression sur l’insurrection et ses deux principaux soutiens, la Turquie et l’Arabie saoudite. Les Russes en ont encore plus sur le régime syrien qui, sans eux, se serait écroulé depuis l’automne. Non seulement, à elles deux, l’Amérique et la Russie peuvent arriver à donner corps à leur proposition mais elles y ont chacune intérêt. L’Amérique souhaite un cessez-le-feu parce qu’elle ne veut pas se réengager au Proche-Orient et que la suspension des hostilités est la condition sine qua non d’une reprise des pourparlers entre le régime et l’insurrection. Quant à la Russie, maintenant qu’elle a remis Bachar al-Assad en selle, soit elle l’encourage à l’intransigeance et risque de s’embourber dans un conflit régional, soit elle lui impose de composer et se hisse, par là, à un statut d’égale des Etats-Unis et de faiseur de paix. La Russie avait longtemps paru hésiter entre ces deux options ou, du moins, n’abattait pas ses cartes mais, jeudi dernier, elle a semblé choisir. Après que Bachar al-Assad.eut déclaré sa volonté de reconquérir toute la Syrie, elle lui a fait publiquement savoir que ses propos « n’étaient pas en résonance avec les efforts diplomatiques de la Russie ». « La Russie a très sérieusement investi dans cette crise et c’est pourquoi nous aimerions que Bachar al-Assad en tienne compte », a déclaré son représentant aux Nations Unies avant que Vladimir Poutine n’ajoute, en personne, qu’il avait pour objectif une « solution politique » et que Bachar al-Assad n’accuse réception en déclarant vouloir « avoir été capable, dans dix ans, de sauver la Syrie » qu’il soit encore président ou pas. La formulation était alambiquée mais c’était dire qu’il avait entendu le message. Tout ou à peu près tout, pourrait encore faire écoucher cette proposition de cessez-le-feu. Même si toutes les parties l’acceptent- ce qui est probable car ni le régime ni l’insurrection ne sont en position de le refuser - encore faudra-t-il qu’il tienne C’est beaucoup moins certain puisque Russes et Américains s’autorisent à ne pas cesser les frappes contre les groupes terroristes et qu’ils n’en ont pas la même définition. Même s’il débouche sur une reprise des négociations, ce cessez-le-feu sera d’autant plus fragile que ni le régime ni les djihadistes n’ont intérêt à ce qu’il tienne et, même en mettant les choses au mieux, resterait alors à définir les termes d’un compromis politique. Or l’annonce hier, par Bachar al-Assad, d’élections législatives en avril prochain, d’élections qu’il organiserait donc seul, en dit déjà toute la difficulté.

L'équipe