C’est maintenant que la bataille commence. Maintenant que le Premier ministre britannique a obtenu des 27 autres dirigeants européens les concessions qu’il demandait pour faire campagne en faveur du maintien de son pays dans l’Union, maintenant que la date du référendum est fixée, au 23 juin comme prévu, la bataille s’est ouverte, dès hier, entre partisans du « in » et du « out » et elle est totalement incertaine.Le premier sondage effectué après le compromis de Bruxelles donne 15 points d’avance au maintien dans l’Union. Cela paraît confortable mais, outre qu’il y a 19% d’indécis, l’un des hommes politiques les plus populaires de Grande-Bretagne, Boris Johnson, le très truculent et très cultivé maire conservateur de Londres, vient de prendre position pour la sortie de l’Union. Il ne l’aurait pas fait s’il n’avait pas cru possible de devenir celui qui aura fait triompher le camp europhobe mais à ce stade, tout pronostic serait pourtant hasardeux. D'un côté, les partisans du Brexit, d’un British exit, d’une sortie de l’Union, tablent sur la profonde répugnance de la majorité des électeurs envers toute idée d’Europe politique dans laquelle le tout compterait plus que les parties. Autant les Britanniques sont attachés au marché commun qui leur est évidemment profitable, autant ils ne veulent pas qu’une majorité paneuropéenne puisse un jour leur imposer des décisions dont ils ne voudraient pas. Cela tient essentiellement au regard que ce peuple porte sur le continent qui leur est toujours apparu comme une source de guerres et de problèmes. Les Britanniques n’ont pas du tout intégré que leur insularité est devenue bien relative à l’heure de l’abolition des distances et du tunnel sous la Manche mais les partisans du maintien dans l’Union ont, de leur côté, de solides arguments. Ils font déjà valoir que David Cameron a obtenu à Bruxelles que le Royaume-Uni ne soit plus lié par l’objectif d’une « union toujours plus étroite » et qu’il vaut mieux rester à la table commune pour y définir les règles du marché commun que de les subir pour n’en être pas exclu. Et ce n’est pas tout. Tout pays membre a le droit de sortir d’Union. Si les Britanniques le décident, cela se fera mais il faudra alors négocier les conditions du maintien dans le marché commun, revoir les lois liées à l’acquis communautaire et affronter, surtout, la possibilité d’un Scotexit, d’une sortie de l’Ecosse du Royaume-Uni car, contrairement aux Anglais, les Ecossais sont extrêmement attachés à l’Union.Incertaine, la bataille sera rude. La crise des réfugiés pèsera beaucoup sur son issue car, si l’Union continue à se déchirer sur cette question, elle n’en apparaîtra guère séduisante. On ne sait pas mais la certitude est que, Brexit ou pas, l’Union ne peut désormais plus rebondir qu’en fédérant ceux de ses Etats qui veulent aller plus loin plus vite. L’Europe à plusieurs vitesses n’est plus une piste. C’est une absolue nécessité.
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