C’est donc fichu. Malgré les espoirs nés mardi soir, il n’y aura pas de compromis sur la Grèce, en tout cas pas avant le référendum de dimanche, mais comment en est-on arrivé là et où cet échec, ce très grave échec, peut-il mener ?
Hier matin encore, tout allait bien. Comme convenu, la veille, lors de la téléconférence de l’eurogroupe - autrement dit, des ministres des Finances de la zone euro - le Premier ministre grec accepte alors, par écrit, les dernières propositions de ses partenaires européens en ne les amendant qu'à la marge. Une nouvelle réunion de l’eurogroupe doit s’ensuivre en fin d’après-midi au cours de laquelle devraient être décidées les grandes lignes d’un nouveau plan d’aide à la Grèce. C’est le scénario prévu, celui que cette chronique décrivait hier matin. Tout paraît plié mais voilà qu’Alexis Tsipras vient soudain déclarer à la télévision qu’il maintient son référendum et appelle bien à y voter « non ».
Il demande ainsi à son pays de refuser dimanche les propositions qu’il vient lui-même d’accepter le matin même. Cela paraît fou. C’est à n’y rien comprendre, sauf… Sauf qu’Alexis Tsipras a appelé Angela Merkel dans l’intervalle et qu’elle lui a dit que rien ne pourrait se faire avant le référendum. La chancelière vient de tuer tout espoir de compromis parce que son parti ne la suivait plus, qu’elle n’était pas à l’aise avec toute cette précipitation et n’a pas plus guère confiance en la majorité grecque. Angela Merkel vient aussi de rompre, de fait, un front commun avec la France.
Alexis Tsipras est sonné et, bien que François Hollande l’encourage aussitôt à malgré tout dire, devant l’eurogroupe, qu’il appellera à voter « oui » aux propositions européennes si le compromis est scellé, le Premier ministre se sent piégé et brûle ses vaisseaux avec sa déclaration télévisée.
Alors maintenant ?
Première hypothèse, le « oui » aux propositions européennes l’emporte dimanche. Avec ce même gouvernement ou un autre, le compromis est signé et, l’un dans l’autre, cette trop longue parenthèse se referme.
Ce n’est pas impossible car le « oui » parait monter dans les sondages mais, à l’heure qu’il est, le « non » reste largement majoritaire et ses conséquences seraient plus que sérieuses.
On ne veut pas se montrer trop pessimistes mais il n’y aura plus grandes possibilités de compromis car les droites européennes ne voudront plus en entendre parler, sauf à des conditions extrêmement dures. Privée de tout soutien, la Grèce plongera dans un indescriptible marasme. Plusieurs de ses voisins s’en ressentiront. Les taux auxquels empruntent les pays les plus fragiles de la zone euro commenceront à vite augmenter et la solidarité européenne sera mise à l’épreuve.
Les pays les plus riches renâcleront à soutenir les plus faibles ou exigeront, en échange, de nouvelles mesures d’austérité. L’Union risque alors de devenir une foire d’empoigne politique et, dans la situation de fragilité où elle est déjà, cela ne présagerait rien de bon.
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