En diplomatie aussi, Joe Biden est l’anti-Trump

Le Président-élu Joe Biden lors de son premier discours après l’annonce des résultats par les médias, le 7 novembre 2020.
Le Président-élu Joe Biden lors de son premier discours après l’annonce des résultats par les médias, le 7 novembre 2020. ©AFP - Andrew Harnik / POOL / AFP
Le Président-élu Joe Biden lors de son premier discours après l’annonce des résultats par les médias, le 7 novembre 2020. ©AFP - Andrew Harnik / POOL / AFP
Le Président-élu Joe Biden lors de son premier discours après l’annonce des résultats par les médias, le 7 novembre 2020. ©AFP - Andrew Harnik / POOL / AFP
Publicité

Il sera multilatéral là où Trump est unilatéral ; il sera prévisible là où le président sortant est imprévisible ; et il respectera ses alliés là où Trump les maltraitait. Ca n’empêche pas les Européens en particulier de ne pas tous être sur la même longueur d’onde.

La première qualité de Joe Biden est de ne pas être Donald Trump. C’est ce qui explique l’immense soupir de soulagement à Paris, Berlin, Ottawa ou Séoul, les capitales qui ont, sous une forme ou sous une autre, souffert du style du Président sortant. C’est ce qui explique, aussi, le silence ou les réactions ambivalentes des leaders les plus proches ou ambigüs vis-à-vis de Trump, à Londres, Budapest, Moscou, Brasilia ou Jérusalem.

Mais Joe Biden ne peut pas seulement se définir négativement. Il est attendu sur des actes, des orientations, et surtout une pratique. Et de ce point de vue, il a déjà donné des gages en annonçant que son premier geste de Président serait de réintégrer l’Accord de Paris sur le climat que les États-Unis ont officiellement quitté … la semaine dernière ! C’est significatif et une bonne nouvelle pour la planète.

Publicité

On peut donc s’attendre à le voir réintégrer la diplomatie multilatérale là où Donald Trump ne croyait qu’à l’unilatéralisme, America First and only. Par exemple, rester au sein de l’Organisation mondiale de la Santé, en pleine pandémie, et participer au programme de vaccins pour tous, ce que Trump refusait.

Ca ne sera pas pour autant un retour à la diplomatie de l’époque Obama, car le monde a changé. A la fois sous l’effet de la présidence de Donald Trump et de son travail de sape, mais aussi de l’émergence de pôles de puissance éclatés là où l’Amérique était encore une hégémonie finissante. Joe Biden n’aura ni le désir, ni surtout les moyens, de réinstaurer cette hégémonie.

Le véritable défi de l’ère Biden sera au contraire la structuration de ce nouveau monde multipolaire, qui émerge de manière chaotique et brutale, on le voit tous les jours. Et pour y parvenir, le Président-élu entend faire revivre une coalition de pays démocratiques, là où son prédécesseur les traitait parfois plus mal que ses ennemis.

Joe Biden a déjà annoncé qu’il allait organiser dès sa première année au pouvoir, un Sommet pour la démocratie, réunissant États et sociétés civiles, afin d’offrir un front uni. Projet encore trop flou pour savoir s’il s’agit juste d’une alliance anti-chinoise sous leadership américain, ou d’un vrai effort de renouveau démocratique après des années de régression et de menaces autoritaires.

L’Europe aborde cette nouvelle phase avec enthousiasme et un peu d’appréhension. Car si le retour à une diplomatie plus prévisible et amicale est bienvenu, personne ne sait encore dans quelle conditions Joe Biden pourra gouverner, avec un pays mal en point, un sénat potentiellement hostile, et une idéologie trumpienne loin d’être défaite.

Les Européens sont donc partagés entre le sentiment exprimé par la Chancelière Angela Merkel -celle qui connait le mieux Joe Biden-, pour qui « l’amitié transatlantique est indispensable » et qui propose de « travailler ensemble » ; et la réserve tweetée par Clément Beaune, le Secrétaire d’État aux affaires européennes en France, pour qui « ce serait une faute de croire que tout change, l’Europe doit avant tout compter sur elle-même ». Il y a plus qu’une nuance de style entre ces deux messages.

La discussion entre Français et Allemands, et entre les 27, va donc être de savoir où il faudra mettre le curseur dans la nouvelle relation transatlantique, quelle dose d’autonomie européenne. C’était plus facile de trancher avec un Trump hostile à la Maison Blanche, mais ce n’est pas une raison pour le regretter.

L'équipe