

Malgré la tornade politique à Washington, à coups de révélations sur le fonctionnement du Président, Donald Trump se voit déjà victorieux en 2020.
Il fallait du culot à Donald Trump pour lancer face aux caméras mercredi : « personne n’arrivera à me battre en 2020 », la date de la prochaine présidentielle américaine… Quelques heures auparavant, le New York Times diffusait un texte anonyme accablant pour le Président américain, provenant selon le journal d’un membre important de l’administration Trump.
Au même moment, les extraits du livre à paraître de Bob Woodward, le journaliste vedette de l’affaire du Watergate, faisait apparaître un Président dysfonctionnel, au bord de la crise de nerfs. Un « idiot », selon son propre chef d’état-major de la Maison Blanche, le général John Kelly, cité par Woodward.
Dans ce climat de chaos politique indescriptible, centré sur la personnalité du Président, -un climat dont on a peine à trouver des équivalents dans l’histoire-, Donald Trump reste fidèle à lui-même, c’est-à-dire dans le défi.
Et s’il avait raison d’être si sûr de lui ? Car si, vu de l’extérieur, Donald Trump semble assiégé de toutes parts, et contesté de l’intérieur même de son administration, qu’en est-il de l’Amérique profonde ?
Le site FiveThirtyEight, qui recense tous les sondages d’opinions, montre qu’après 595 jours au pouvoir, Donald Trump conserve la confiance de 40% des Américains, un chiffre assez proche de ceux de Ronald Reagan ou Bill Clinton à la même époque, à peine moins bien que celui de Barack Obama. Il a en revanche l’hostilité de 53% des électeurs, plus que tous ses prédécesseurs depuis Harry Truman.
Si l’hostilité monte, la base électorale de Donald Trump, celle qui l’a amené à sa victoire surprise en novembre 2016, tient bon. Elle continue de manifester son enthousiasme dans les meetings de campagne permanente qu’il tient à travers les États-Unis, et rien ne dit qu’elle puisse être ébranlée par des révélations sur le caractère du Président qui certes, montent en intensité, mais sont omniprésentes depuis le début.
Ces électeurs partagent avec Donald Trump une véritable haine vis-à-vis de l’élite politique et économique du pays, accusée d’avoir sacrifié les intérêts de l’Amérique blanche qui se sent déclassée, au profit de la mondialisation. Et même si sa réforme fiscale favorise les plus riches, ses résultats économiques sont bons et il peut les brandir comme quelqu’un qui « fait le job ».
Ces Américains partagent aussi avec lui sa détestation des médias, qu’il a qualifié d’« ennemis du peuple », ceux-là même qui l’attaquent en ce moment ; Il y verront aussi la preuve de l’existence d’un « Etat profond », comme disent les milieux complotistes.
Cet électorat tiendra-t-il jusqu’au bout ? C’est probable dans le climat de polarisation extrême que vit cette Amérique coupée en deux. La clé de son avenir politique repose sur les indécis dont dépend la majorité républicaine au Congrès aux élections de mi-mandat dans à peine deux mois. Une large défaite pourrait signifier une procédure de destitution. Mais Donald Trump a peut-être raison d’afficher cet air de défi, même quand tout semble se liguer contre lui.
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