Moscou et Kiev négocient, mais la paix est encore loin

Un marché de la ville Kharkiv a été détruit mercredi 16 mars par un bombardement russe, la guerre des villes continue.
Un marché de la ville Kharkiv a été détruit mercredi 16 mars par un bombardement russe, la guerre des villes continue. ©AFP - Handout / State Emergency Service of Ukraine / AFP
Un marché de la ville Kharkiv a été détruit mercredi 16 mars par un bombardement russe, la guerre des villes continue. ©AFP - Handout / State Emergency Service of Ukraine / AFP
Un marché de la ville Kharkiv a été détruit mercredi 16 mars par un bombardement russe, la guerre des villes continue. ©AFP - Handout / State Emergency Service of Ukraine / AFP
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Dans la même journée, le Président Zelensky a appelé les Américains à l’aide, et a évoqué des progrès aux négociations sur la possible neutralité de l’Ukraine. Pendant ce temps, la guerre continue de faire rage autour des villes ukrainiennes.

Quel Volodymyr Zelensky faut-il croire ? Celui qui lance un appel à une aide militaire accrue au Congrès américain dans un discours dramatique en direct de sa capitale bombardée ? Ou celui qui estime qu’il y a eu des progrès dans les négociations russo-ukrainiennes sur une possible neutralité de l’Ukraine ? 

Ou peut-être les deux, car la poursuite de la guerre et les progrès de la négociation sont les deux facettes de la même crise ; tout est finalement affaire de rapports de force, militaire, diplomatique, et autour de la table de négociations.

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Il y a donc au moins un point qui a bougé depuis le début de l’invasion russe il y a trois semaines : le président Zelensky a admis publiquement que l’Ukraine ne serait pas membre de l’Otan ; ce que tout le monde savait avant le début du conflit, y compris Vladimir Poutine lui-même, mais qui n’avait pas été déclaré formellement.

Le mot de neutralité n’est plus tabou à Kiev, ce qui est une importante concession offerte à Poutine ; mais ça ne signifie pas pour autant que l’offensive russe va s’arrêter, loin de là.

C’est insuffisant parce que les buts de guerre ont changé : Poutine a d’abord soulevé la question de l’adhésion possible de l’Ukraine à l’Otan, mais dans son discours annonçant l’invasion le 24 février, il a carrément nié la légitimité de l’Ukraine elle-même, réclamé la « dénazification », ce qui signifiait l’élimination de ses dirigeants, et le désarmement du pays.

Avec l’échec de la phase initiale de son invasion, la Russie est revenue à ce que le Président ukrainien a qualifié hier de « position plus réaliste ». Le Ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov, a même évoqué un statut de l’Ukraine semblable à celui de la Suède ou de l’Autriche, c’est-à-dire neutre, sans alliance ni bases étrangères sur son sol, mais néanmoins doté d’une force armée.

Mais la négociation n’est pas finie, et l’Ukraine n’entend pas accepter la neutralité sans garanties de sécurité internationales, pour ne pas risquer une nouvelle invasion de son puissant voisin ; elle réclame le départ des troupes russes des territoires qu’elles ont conquis, en particulier dans le sud. Cela ne sera pas facile à obtenir, même en laissant à plus tard le sort des deux Républiques séparatistes du Donbass dont Kiev réclame le retour sous sa souveraineté.

La guerre continue donc, et elle est même encore en phase d’escalade. La guerre des villes ne fait que commencer, à Marioupol, Kharkiv, demain Odessa, et, la cible ultime, la capitale, Kiev. Vladimir Poutine n’a pas encore remporté le trophée qui lui permettrait d’être plus conciliant à la table de négociation.

La crainte est que face au coût toujours plus élevé de cette guerre pour Poutine, en raison de la résistance farouche des Ukrainiens, du soutien occidental en armes, et aux sanctions qui frappent durement la Russie, le maître du Kremlin ne choisisse la fuite en avant. 

Cela signifie des bombardements encore plus massifs des villes, et donc des victimes civiles en plus grand nombre, et, la crainte du recours aux armes chimiques et biologiques, dont on sait que la Russie en possède et n’hésite pas à les employer.

Que se passera-t-il dans ce cas ? Nul ne peut vraiment le dire à ce stade. Mais cela explique pourquoi le Président Zelensky peut à la fois lancer un appel à l’aide aux Américains, et se réjouir d’un hypothétique progrès des négociations. L’art de la guerre a plusieurs visages, et Volodymir Zelensky se révèle un redoutable tacticien.

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