Le Covid débarque en Corée du Nord, où personne n’est vacciné

Le leader nord-coréen Kim Jong-un apparaît masqué à une réunion le 14 mai, photo diffusée par l’agence de presse de Pyongyang.
Le leader nord-coréen Kim Jong-un apparaît masqué à une réunion le 14 mai, photo diffusée par l’agence de presse de Pyongyang. ©AFP - STR / KCNA VIA KNS
Le leader nord-coréen Kim Jong-un apparaît masqué à une réunion le 14 mai, photo diffusée par l’agence de presse de Pyongyang. ©AFP - STR / KCNA VIA KNS
Le leader nord-coréen Kim Jong-un apparaît masqué à une réunion le 14 mai, photo diffusée par l’agence de presse de Pyongyang. ©AFP - STR / KCNA VIA KNS
Publicité

Fermée depuis plus de deux ans, la Corée du nord a admis qu’elle était frappée par le Covid-19, alors que le pays a refusé jusqu’ici toute vaccination. Kim Jong-un invite son gouvernement à « prendre exemple sur la Chine ».

La Corée du nord a parfois été surnommée le « pays ermite », pour reprendre une expression qui s’appliquait à l’époque monarchique. Il l’est assurément depuis le début de la pandémie de Covid-19, il y a plus de deux ans, fermant ses frontières de manière radicale. Il en a fait la clé de sa doctrine « zéro Covid ». 

Mais c’était compter sans le variant Omicron qui a trouvé le moyen de pénétrer ce pays verrouillé et qui a l’incroyable particularité de ne pas avoir vacciné sa population. C’est le seul pays au monde, avec l’Érythrée, à avoir refusé tous les vaccins, préférant s’abriter derrière des frontières fermées.

Publicité

Depuis le 13 mai, la Corée du nord a reconnu qu’elle était touchée par la pandémie, et le leader nord-coréen Kim Jong-un a parlé des « troubles les plus graves de l’histoire du pays ». Ce n’est pas rien si l’on pense que la Corée du nord a connu la guerre dans les années 50 et une famine terrible dans les années 90.

Les chiffres annoncés sont certes importants pour un pays qui se disait épargné, avec 1,7 million de cas déclarés, et une soixantaine de décès. Mais ils ne veulent strictement rien dire, car le pays manque de tout, de capacité de test, de structures de santé, et surtout, de fiabilité et de transparence. Le site de l’Organisation mondiale de la Santé donne pour sa part zéro cas pour ce pays, car les chiffres ne lui sont pas transmis.

Kim Jong-un est apparu en public avec un masque, ce qui est tout à fait exceptionnel. Il a invité son gouvernement à prendre exemple sur la Chine voisine pour lutter contre la pandémie : à Shanghai, ça signifie un confinement total, des tests incessants, et la vaccination. Mais la Corée du nord n’a pas la logistique et les équipements pour imiter son puissant voisin, et il est à craindre qu’un confinement généralisé soit encore plus brutal et autoritaire qu’en Chine.

Des rotations d’avions avec le nord de la Chine semblent indiquer que Pékin a envoyé de l’aide sanitaire à la Corée du nord. Mais le régime de Pyongyang n’a toujours pas répondu à l’offre d’aide que lui a adressée le nouveau Président conservateur sud-coréen, Yoon Suk-yeol, qui vient de prendre ses fonctions. La pandémie, comme tout le reste en Corée du nord, est une question politique et diplomatique.

La Corée du nord peut en effet se permettre de refuser les offres d’aide ? Le père de l’actuel leader a laissé la famine tuer deux millions de personnes dans les années 90 plutôt que d’appeler à l’aide. Et le régime dynastique engloutit des fortunes dans son programme nucléaire et balistique plutôt que dans le social.

Le dossier est d’autant plus sensible que Joe Biden est attendu vendredi en visite en Corée du Sud, pour renforcer l’alliance entre les deux pays dans une région-clé pour les États-Unis, face à la Chine. Dans son discours d’investiture, le nouveau Président sud-coréen a proposé une aide économique massive au Nord, en échange de la dénucléarisation : un deal inimaginable pour Pyongyang.

En deux ans et demi, le Covid a été le révélateur de nombreux problèmes cachés. Ce fut le cas en Europe ou aux États-Unis ; c’est actuellement le cas en Chine avec l’acharnement ruineux au zéro-Covid ; c’est désormais le tour de la Corée du nord, où le surinvestissement militaire rend le pays démuni face à la maladie. Mais la tragédie de la dictature, c’est qu’on peut y laisser son peuple mourir en silence.

L'équipe