

Trois sommets, de l’Otan, du G7 et de l’Union européenne, se tiennent aujourd’hui pour exprimer l’unité face à la Russie et son agression de l’Ukraine, mais ce « retour d’Occident » est diversement apprécié dans le reste du monde.
A contexte exceptionnel, événements exceptionnels. Trois Sommets internationaux vont se succéder aujourd’hui à Bruxelles, pour montrer une riposte unie face à la guerre menée par la Russie en Ukraine ; un mois jour pour jour après son déclenchement. Trois Sommets qui en disent long sur le monde dans lequel nous avons plongé le 24 février, et sur lequel il ne faut pas se tromper d’analyse.
Il y aura d’abord le Sommet de l’Otan, l’alliance militaire de 30 pays dirigée par les États-Unis. L’Otan n’intervient pas directement dans le conflit, mais s’est mobilisée pour rassurer ses membres du « flanc Est », les anciens pays communistes qui connaissent suffisamment la Russie pour la redouter.
Il y aura ensuite celui du G7, une partie des mêmes plus le Japon, pour une réunion à dominante économique, dans un contexte passablement déstabilisé. Et enfin celui de l’Union européenne, qui vit un électrochoc historique et une raison d’être renouvelée.
Deux invités d’honneur à ces réunions, le Président américain Joe Biden, venu exceptionnellement de Washington ; mais surtout Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, qui n’appartient à aucun des trois institutions, mais apparaîtra sur écran et donnera à ce triple sommet le sens de la gravité existentielle du moment.
Beaucoup a été fait depuis un mois pour venir en aide à l’Ukraine et sanctionner la Russie pour sa transgression ; A Bruxelles, il s’agira donc à la fois de montrer cette unité forgée dans l’action, mais aussi de prévoir les étapes suivantes, surtout en cas d’escalade russe, qui risque de mettre à mal cette unité ; on en voit les premiers craquements sur l’énergie avec la position réservée de l’Allemagne.
Cette réelle unité face à la Russie, aussi bien celle de l’Otan avec les Américains, que celle des Européens entre eux, a surpris les dirigeants occidentaux eux-mêmes. Ils en doutaient, à la fois en raison des relations difficiles des dernières années, et de leur aveuglement, pendant trop longtemps, face au retour de la brutalité dans les rapports internationaux.
Mais si cette unité est pertinente dans la crise ukrainienne et instaure un rapport de force moins défavorable avec la Russie de Poutine, ce « retour d’Occident » est à double tranchant.
L’environnement international a en effet changé depuis l’époque de la guerre froide et de la rhétorique du « monde libre » qui fait un retour en force.
L’Occident commettrait une grave erreur à croire que l’ensemble de la planète a la même réaction face au conflit ukrainien, au-delà de l’isolement évident de la Russie à l’ONU. Une partie du monde y voit au mieux une affaire entre Européens qui ne les concerne pas, ou qui permet à des puissances régionales de s’émanciper comme au Moyen Orient ; et au pire, un signe de l’hypocrisie occidentale qui diabolise Poutine, quand les Américains ont impunément envahi l’Irak, pour ne citer que ce cas.
Il ne faut pas sous-estimer la force de ces arguments dans ce que les anglo-saxons appellent le « Global South », le monde en développement qui vit cruellement l’accueil généreux des réfugiés ukrainiens quand d’autres réfugiés, à la peau plus sombre, subissent le rejet.
A méditer lors de la photo de famille d’un Occident fier de son bon droit face à un Poutine agresseur, mais qui ne doit pas faire oublier les déséquilibres d’un monde en proie à l’indifférence générale.
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