Pourquoi l’escalade va continuer dans les livraisons d’armes à l’Ukraine

Un char allemand Léopard 2 au cours de manœuvres militaires en Allemagne.
Un char allemand Léopard 2 au cours de manœuvres militaires en Allemagne. ©AFP - RALF HIRSCHBERGER / dpa-Zentralbild / dpa Picture-Alliance via AFP
Un char allemand Léopard 2 au cours de manœuvres militaires en Allemagne. ©AFP - RALF HIRSCHBERGER / dpa-Zentralbild / dpa Picture-Alliance via AFP
Un char allemand Léopard 2 au cours de manœuvres militaires en Allemagne. ©AFP - RALF HIRSCHBERGER / dpa-Zentralbild / dpa Picture-Alliance via AFP
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L’Allemagne et les États-Unis vont livrer des chars lourds à l’Ukraine, une étape de plus acquise après hésitation et débat. Et déjà, le débat se déplace sur la fourniture d’avions de combat occidentaux, afin de permettre à l’Ukraine de faire face aux prochaines offensives russes.

Il y a un air de déjà-vu dans la montée de tension, puis les décisions allemande et américaine, annoncées hier, de livrer des chars lourds à l’Ukraine. Depuis le début de l’invasion russe, il y a onze mois, chaque étape de l’escalade dans le type d’armement fourni à l’armée de Kiev a donné lieu aux mêmes hésitations, à des contradictions publiques, puis à la décision sous pression. Et ce n’est certainement pas la dernière fois.

Ce fut le cas au début du conflit pour le transfert de matériel de l’époque soviétique détenu par les armées d’Europe centrale et orientale ; puis pour l’artillerie longue portée, ou encore les lance-missiles, ou les batteries anti-aériennes Patriot. A chaque fois, une double hésitation : la peur de provoquer Moscou et donc de se trouver engagé dans un conflit plus large ; et des questions opérationnelles. Il faut y ajouter, sur les chars Léopard 2, le contexte politique allemand et l’indécision du Chancelier Scholz.

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Mais à chaque étape, l’argument de la réaction russe a été vite balayé ; même quand Vladimir Poutine déclare qu’il ne « bluffe » pas, ou quand Dimitri Medvedev, l’ancien président, affirme que des livraisons de Patriot transformeraient les Occidentaux en « cibles légitimes ». Rien de tout ça ne s’est produit.

L’argument qui l’emporte à chaque fois, c’est l’évolution du conflit sur le terrain, passée d’une phase défensive à offensive, puis à une ligne de front relativement stable sur près de 1000 Km. Et désormais, l’anticipation d’offensives majeures, dans les prochains mois, pour tenter, de part et d’autre, de reprendre l’avantage.

La Russie a mobilisé 300 000 conscrits, peut-être plus dans un proche avenir, et mise sur son rouleau compresseur pour s’imposer. L’Ukraine, elle, dépend largement de la supériorité de son armement, ou plutôt de celui que lui livrent les Occidentaux, plus sophistiqué que celui des Russes. C’est une véritable course contre la montre avant le printemps et le dégel.

Les Occidentaux se sont engagés progressivement dans cette escalade, testant à chaque étape les réactions russes autant que la capacité des Ukrainiens à faire bon usage des armements. L’Ukraine, elle, en voulait plus, plus vite.

En avril, deux mois après le début de la guerre, un dirigeant ukrainien réclamait « des avions militaires, des tanks, des missiles, des systèmes de défense antiaérienne, des missiles antichars, etc »… Les uns après les autres, ces armements arrivent en Ukraine, l’appel de Kiev a été entendu, même si c’est plus lentement.

Les chars lourds à peine décidés, le débat porte déjà sur la livraison d’avions occidentaux. Dmytro Kuleba, le ministre des Affaires étrangères ukrainien, a réclamé hier « des avions de combat occidentaux », et les Pays-Bas ont indiqué réfléchir à la livraison de F-16, de fabrication américaine, à l’Ukraine.

Il y a une logique à cette escalade permanente : les Occidentaux se sont désormais trop engagés en Ukraine pour permettre une défaite de ce pays face à la Russie. Une victoire de Poutine aurait de trop graves conséquences sur le rapport de force international, en Europe mais aussi dans le monde.

Alors étape après étape, l’Ukraine obtient les armes les plus modernes qu’elle demandait au début de la guerre. Un soutien sans faille que la Russie n’avait pas anticipé lorsqu’elle a envahi l’Ukraine le 24 février 2022.