

Le 30 décembre 2019, des lanceurs d’alerte publiaient les premières informations sur la Covid à Wuhan. A-t-on tiré les leçons de ce début d’épidémie catastrophique en Chine ? Ca reste à voir.
Le 30 décembre 2019, il y a deux ans précisément, apparaissaient sur les réseaux sociaux chinois les premières informations sur les malades de Wuhan, dans le centre de la Chine. Les autorités chinoises réagirent alors par le déni, la répression, perdant plusieurs semaines pour empêcher la propagation du virus.
Le 31 décembre, les autorités médicales de Taïwan envoyaient pourtant un email à l’Organisation Mondiale de la Santé à Genève, pour signaler ces éléments non confirmés. « Nous apprécierions si vous aviez des informations pertinentes à partager avec nous », ajoutait le message de Taipei. L’OMS ne répondra jamais, Taïwan n’étant pas membre de l’organisation en raison du blocage chinois.
Le 1er janvier 2020, le compte Twitter du quotidien chinois « Global Times » annonçait de son côté que huit personnes avaient été arrêtées à Wuhan, pour « propagation de rumeurs » concernant une épidémie. On connait la suite, ces personnes étaient des lanceurs d’alerte, dont l’un, le Dr Li Wenliang, décèdera de la Covid quelques semaines plus tard.
Quelles leçons tirer de ces événements ? On peut tirer deux enseignements de ce début d’épidémie catastrophique : le premier interne à la Chine, le second sur le système de surveillance international.
La Chine occulte les premières semaines de déni, et dresse un bilan très positif de sa gestion de la pandémie. L’ambassade de Chine en France tweetait hier que le pays, qui représente 18% de la population mondiale, ne recense que 0,05% des morts de la Covid-19. Chiffres officiels évidemment.
Mais la Chine reste fermée depuis deux ans et ne parvient toujours pas à imposer sa stratégie de « zéro-covid », comme en atteste le confinement des 13 millions d’habitants de la ville de Xi'an pour quelques dizaines de cas seulement.
Mais surtout, Pékin continue de faire obstruction à une véritable enquête qui ferait la lumière sur les origines de la pandémie, toujours inconnues à ce jour. Vu la politisation du débat, il est possible qu’on ne connaisse jamais la vérité, entre l’accident de labo ou la transmission animale, ou d’autres hypothèses encore. C’est désastreux d’un point de vue scientifique.
Sur le plan international, l’OMS n’a pas joué son rôle d’alerte et de vigie les premières semaines, collant parfaitement au discours chinois pour des raisons très politiques. L’organisation onusienne s’est rattrapée depuis et joue un rôle précieux dans la coordination de la lutte contre la pandémie.
Cette faille appelle une réforme profonde : le mois dernier, à l’initiative de l’Union européenne, l’Assemblée mondiale de la Santé a lancé un chantier de négociation d’un nouveau traité international. Ce texte aura pour but de « prévoir, prévenir, détecter et évaluer » les futures pandémies, et de mieux coordonner la réponse.
C’est une bonne nouvelle, à condition que les États jouent le jeu. Or tant les États-Unis que la Chine détestent les traités trop contraignants. Pourtant c’est indispensable sur les questions de santé, comme l’ont montré les événements d’il y a deux ans. Les négociations ne font que commencer, et il reste à voir si les leçons de cette pandémie auront été tirées par les pays les plus puissants.
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